L’un des enjeux historiques importants de l’établissement d’une grille de classification fut de traduire et de consolider l’équilibre et la cohérence des rémunérations des différents emplois. Cet équilibre renvoie aux données du marché du travail mais également au sentiment d’équité sociale tel qu’il s’exprime au sein de l’entreprise comme au niveau des entreprises d’une même branche professionnelle ou d’un même bassin d’emploi. La grille de classification joue un double rôle d’ajustement économique et social. Les grilles de classification ont pour objet de retrouver et de légitimer les fondements de la hiérarchie sociale en vigueur et de permettre son application de façon rationnelle et systématique (Donnadieu et Denimal, 1994) 206 .
Quels que soient les systèmes de classifications retenus, ils ont pour finalité essentielle de réaliser une hiérarchie sociale et salariale. Cette hiérarchie ne peut être acceptée par le corps social que si elle est estimée équitable (Delhomme, 2001) 207 .
L’évaluation des postes permet l’équité interne. La valorisation du rangement favorise l’équité externe. Quel rôle peut jouer la classification dans une relation inter-entreprises ? Le marché intervient indirectement. L’embauche peut être un critère de choix pour un candidat lorsqu’un écart de rémunération existe entre deux entreprises. Ensuite, à postes comparables, une différence de salaires entre deux entreprises peut être un facteur de démission ou de démotivation. « L’effet de marché » joue, c’est pourquoi les entreprises ont développé des instruments de cohérence et d’harmonisation comme les grilles de classification au niveau des branches professionnelles, en recherchant des méthodes « universelles » d’évaluation des postes. Dans cette recherche de cohérence, les systèmes de classification professionnelle ont historiquement constitué le pivot de l’identité professionnelle de chaque branche. Ces systèmes de classification étaient l’instrument privilégié de l’ajustement entre « les forces du marché » et les rapports de force entre les acteurs institutionnels (Donnadieu et Denimal, 1994) 208 .
DONNADIEU G., DENIMAL P., « Classification, Qualification », Ed. Liaisons, 1994, 199 p. op. cit.
DELHOMME F. mémoire pour le DESS Droit et relations sociales dans l’entreprise « Les classifications professionnelles, un référentiel commun au cœur des relations entre l’entreprise et ses salariés. Quelle légitimité et quelle place stratégique occupent-elles ? », Grenoble, 2001,74 p. op. cit.
DONNADIEU G., DENIMAL P., « Classification, Qualification », Ed. Liaisons, 1994, 199 p. op. cit.