4.2.1.3 La division du travail

Nous avons souligné que le poste de travail se définissait par un emploi et une localisation. Taylor a utilisé ce concept pour organiser d’abord les postes de travail dans les ateliers, et ensuite, le généraliser à l’ensemble de l’organisation avec les services périphériques à la production. Les travaux d’exécution et les travaux de conception étaient distincts. Cette organisation s’est appuyée sur une étude et une décomposition des postes en tâches élémentaires effectuées et constituait les prémices d’une analyse de poste. Derrière la différenciation des emplois, se profile le thème de la division du travail dans une organisation. Les processus de production, de commercialisation, d’étude sont complexes et demandent à ce que le travail soit divisé. La division du travail telle qu’elle existe au sein des entreprises est nécessaire dès lors que l’organisation du travail réclame de retrouver un ordre logique dans la réalisation du travail. En effet, à l’exception de l’artisan, aucun collaborateur n’est en mesure d’effectuer tout seul l’ensemble des techniques et des opérations.

Sur quoi repose cette division du travail qui conditionne directement la nature des emplois et l’évaluation qui en sera faite ? Dans un premier temps, l’état de la technologie à un moment donné détermine les moyens, les techniques et les méthodes à mettre en œuvre et conditionne les capacités professionnelles exigées par les salariés dans les différents emplois. Mais ce déterminisme technologique n’a rien d’absolu. Plus que l’état technologique et des moyens de production, la nature des emplois dépend des choix faits par l’entreprise en matière d’organisation du travail. Ces choix sont conditionnés par les conceptions dominantes issues de la culture dominante, le taylorisme et l’Organisation Scientifique du Travail par exemple. Les Japonais nous apportent la preuve de la fragilité de nos conceptions basées sur une division forte du travail. La question décisive « qui contrôle et comment ? » conditionne la définition et le contenu de chaque emploi dans les organisations industrielles occidentales.

Mintzberg a défini trois modalités de contrôle social dans l’entreprise :

Suivant que nous accordons plus ou moins de l’importance à l’une de ces dominantes, nous pouvons enrichir ou appauvrir le contenu des emplois. De tels choix sont largement contingents et n’obéissent le plus souvent à aucune nécessité technique évidente. L’emploi devient une notion extrêmement plastique au sens micro-économique, son contenu et ses limites vont dépendre de la nature des technologies mises en œuvre et des choix d’organisation, ce que met bien en évidence la figure 4-5 ci-après :

Figure 4- 5 : les déterminants de l’emploi
Figure 4- 5 : les déterminants de l’emploi

Chaque emploi, ou situation de travail, correspond au regroupement de plusieurs activités unitaires.

Le concept de poste, historiquement lié au taylorisme, caractérise des situations de travail marquées par la primauté de l’organisation. C’est l’unité de base de l’organisation. Il est constitué par le rassemblement, a priori durable, d’un certain nombre d’activités unitaires figées par l’organigramme et le descriptif de l’emploi.

Ce concept ne peut être opératoire que lorsque l’organisation possède la double caractéristique de transparence et de stabilité ( Donnadieu et Denimal, 1994) 210 . Cette transparence et cette stabilité ne peuvent être obtenues que lorsque les emplois sont ‘parfaitement’ bien définis au sein d’une organisation qui ne subit pas d’évolution de nature à remettre en question ces délimitations.

Notes
209.

MINTZBERG H., «  Structure et dynamique des organisations », Paris, Editions d’organisation - Montréal, 1982 437 p.

210.

DONNADIEU G., DENIMAL P., « Classification, Qualification », Ed. Liaisons, 1994, 199 p. op. cit.