4.5.2 Le front populaire

Le Front Populaire a donné une nouvelle impulsion aux négociations en incluant les classifications dans l’obligation. Quelques semaines après les accords Matignon, la négociation de branche est rendue obligatoire par la loi du 24 juin 1936 et les conventions collectives acquièrent leurs lettres de noblesse. S’agissant des grilles de classification, elles vont être adoptées aux niveaux des régions, ce qui leur donne une certaine respectabilité par rapport à ce qui se faisait sur le plan local.

Donnadieu et Denimal (1994) 275 soulignent que le principal fondement des grilles de classification de 1936 est le poste de travail. L’important aux yeux des partenaires sociaux est d’établir des salaires minima et des hiérarchies d’emplois satisfaisantes selon les syndicats, « l’essentiel étant de profiter d’un rapport de force exceptionnel, pour aboutir très vite à la signature d’accords dans tous les secteurs d’activités » (Jobert, 1990) 276 . Le contenu des grilles importait moins que le fait d’être reconnu comme acteur déterminant du jeu social, ce qui explique le fort ancrage sur les pratiques salariales et l’absence d’explication sur les critères de classement.

Le régime de Vichy a également influencé l’intervention de l’Etat, lors de la dissolution des confédérations syndicales et patronales, en imposant la réglementation en matière de salaires en vue d’instaurer un nouvel ordre social.

Notes
275.

DONNADIEU G., DENIMAL P., « Classification, Qualification », Ed. Liaisons, 1994, 199 p. op. cit.

276.

JOBERT A.« Les grilles de classification professionnelles : quelques repères historiques » CFDT Aujourd’hui, 12/1990 n° 99 p. 6-14