5.2.2 La compétence collective

Les propos de Crozier(1963) 331 , pour qui « l’organisation est la réponse au problème de l’action collective qui se pose dès qu’un projet ou une activité ne peut-être mené par l’exercice des capacités d’un seul individu », illustrent la nécessaire coopération des femmes et des hommes entre eux afin de réaliser, en commun, les objectifs souhaités par l’organisation à laquelle ils appartiennent. Les compétences collectives se sont développées avec les groupes de projet mis en place pour répondre à des décisions stratégiques ponctuelles. Par la suite, les nouveaux modes d’organisation du travail ont permis de développer le travail en groupe. Dans le cadre de plans sociaux ou de restructurations, le travail en groupe apparaît nécessaire pour motiver les personnes restantes. Les nouvelles politiques de management des ressources humaines favorisent l’accompagnement individuel par un management de proximité. La gestion de groupe de projet, du travail en équipe favorise le développement des compétences collectives. La figure 5-2, ci-dessous, propose une synthèse des paramètres favorisant l’émergence des compétences collectives.

Figure 5- 2 : Les conditions d’émergence du concept de compétence collective
Figure 5- 2 : Les conditions d’émergence du concept de compétence collective

Dans un groupe, les participants mettent en œuvre des compétences individuelles. Pourtant, en fonction des relations de travail qui les unissent, des compétences collectives vont émerger. Elles sont de nature combinatoire et non la somme de compétences individuelles. Elles créent une « dynamique de groupe ».

Marbach (1986) 332 , s’appuyant sur les travaux de Sauret (1985) 333 , distingue quatre dimensions de la « compétence collective » :

Marbach rajoute le code et le langage communs, qui font référence à ses membres : « il n’y a pas de compétences collectives sans connivence » 334 .

A partir d’une étude effectuée sur des équipes médicales, Le Boterf (1994) 335 décrit la compétence collective par les composantes suivantes :

Nous venons de voir qu’un certain nombre de facteurs sont nécessaires pour créer les conditions d’émergence des compétences collectives. Il existe néanmoins différents types d’équipes, ce qui veut dire que les compétences collectives sont différentes.

Ainsi, la littérature propose une définition de la compétence collective qui apparaît aux frontières de la compétence individuelle et organisationnelle. Nous pourrions la définir comme la spécificité d’une organisation de travail qui articule les compétences individuelles et des mécanismes de coordination. Pourtant la compétence collective reste difficilement mesurable et opératoire.

Notes
331.

CROZIER M., « Le phénomène bureaucratique », Ed. Seuil, 1963.

332.

MARBACH V., « Impact des démarches de gestion des compétences sur les politiques de rémunérations » ; Thèse sous la direction du Pr. Donnadieu, Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne ; 1995, cité par DEJOUX C.

333.

SAURET C.,  « Les organisations qualifiantes » ; Article dans Etudes, entreprise et personnel, 1989. Cité par DEJOUX C.

334.

Ibid.

335.

Synthèse des écrits de G. le BOTERF, 1994, pp. 130-138, cité par DEJOUX C..