7.3.2 Une organisation du travail reposant sur un apprentissage technique

La formation « Elévation des compétences », réalisée de 1995 à 1997, poursuit des objectifs dont l’ampleur dépasse la simple remise à niveau de compétences techniques dans une organisation figée, elle remet en cause l’organisation même du travail et les rapports entre les salariés. L’enjeu de la formation devient primordial et demande un engagement personnel des salariés surtout pour les faibles niveaux de qualification.

Nous avons mis en lumière une vision de la formation dont les acquis ne sont utilisés que dans l’exercice d’une activité très spécialisée. Elle se déroule en général sur le tas et ne fait pas l’objet de démarches formalisées de reconnaissance des compétences. Les salariés ne perçoivent pas la formation comme un outil de développement personnel leur permettant d’accéder à l’autonomie, d’avoir une plus grande confiance en eux. Elle n’est pas perçue non plus comme un moyen de promotion professionnelle. Un agent de maîtrise nous a fait la remarque que « Les bons opérateurs ne veulent pas évoluer vers un poste de régleur car ils ne veulent pas régler « la merde des autres ». Dans le passé, les expériences de formation ont eu des résultats mitigés, liés en partie au fait que la démarche, trop théorique et scolaire, renvoyaient à des situations d’échecs antérieures. Les salariés ont le sentiment d’être déconsidérés. Un opérateur l’exprime lorsqu’il dit qu’« ici, il vaut mieux passer pour un imbécile, comme ça, on ne vous demande rien ».