2.1.3. Le Service d'électronique du CEA (1945-1951)

Dans les premières années, les années des pionniers qui vont de 1945 à 1951, le CEA traite les risques dus aux rayonnements et aux substances radioactives comme un problème de sécurité du travail classique, estimant qu'il doit être du ressort des agents eux-mêmes d'assurer leur protection, du moment qu'ils sont au courant des risques qu'ils encourent. La hiérarchie assure la responsabilité en cas d'accidents. On ne voit pas l'intérêt d'une organisation spécifique consacrée à la protection contre les rayonnements. Mais pour se protéger des rayonnements, il faut tout d'abord les détecter, et c'est le service chargé de tous les problèmes d'électronique au CEA, le Service d'Electronique dirigé par M. Surdin 41 qui va être en charge de mettre au point divers dispositifs de mesure des rayonnements : les premiers stylos électromètres individuels, dosimètres photographiques ou encore des dosimètres collectifs ou d'ambiance comme les chambres Baby, Babylog puis Babyline 42 sont alors réalisés. Le laboratoire chargé de leur fabrication doit mettre au point une méthode d'étirement du quartz pour la réalisation de fils d'une dizaine de microns; ce même laboratoire est chargé à l'époque de la mise au point des premiers détecteurs de neutrons pour le contrôle des piles. Les premières tâches de protection, contrôle et mesure, sont confiées à un ingénieur, Mademoiselle Saulnier, qui au sein du Service d'Electronique assure le développement et la lecture des films dosimétriques. Mais petit à petit on prend conscience de la nécessité d'une organisation particulière chargée d'étudier et de mettre en œuvre la prévention et la surveillance des risques dus aux substances radioactives, ce qui donnera naissance au Service de Protection contre les Radiations en 1951, comme nous le verrons plus loin.

Quant aux mesures et dispositifs de sécurité des piles, ce sont les savants et les techniciens eux-mêmes qui les définissent et les mettent en œuvre. Ce n'est qu'à partir de 1957 qu'on ressentira la nécessité de confier à un organisme spécialisé les questions de sécurité des piles, au-delà des préoccupations en la matière des savants et techniciens impliqués directement dans les projets.

Notes
41.

Ingénieur électronicien d'origine palestinienne, Maurice Surdin avait travaillé au Collège de France sous la direction de Langevin jusqu'à la guerre, puis sur le radar en Grande-Bretagne : c'est dans son service que sont conçus les milliers de compteurs de divers types dont le CEA a besoin.

42.

D'après le témoignage de Jacky Weill dans, Energie Nucléaire Magazine, N°12, Septembre-octobre 1985, p. 29.