2.1.5.2. Jules Horowitz

Horowitz fait partie d'un groupe de jeunes polytechniciens recrutés en 1946 par Francis Perrin, tels Claude Bloch et Michel Trocheris, orientés vers le CEA par leur professeur d'analyse à Polytechnique, Jean Ullmo. Au sein du CEA, ils reçoivent l'aide d'Anatole Abragam, théoricien et ancien élève avant-guerre de Francis Perrin, et d'André Ertaud, ancien marin, ingénieur et physicien, qui avait assuré les calculs du cœur de ZOE, sous la responsabilité de Kowarski. Comme Bloch détaché du corps des mines, Albert Messiah se joint à ce groupe dont les membres partent parfaire leurs connaissances dans les grands laboratoires à l'étranger. Tous se retrouvent à Saclay en 1950 au Service de physique mathématique dirigé par Jacques Yvon.

Pendant deux décennies, Jacques Yvon puis Jules Horowitz vont diriger la physique des réacteurs nucléaires en France, aussi bien en ce qui concerne la neutronique expérimentale que la modélisation des phénomènes. Jules Horowitz est souvent présenté comme le fondateur de «l'Ecole française» de neutronique, mais son rôle est d'autant plus marquant qu'il va directement former la deuxième génération d'ingénieurs et de physiciens qui prendront la direction des différents secteurs de l'industrie nucléaire. Horowitz est unanimement reconnu par cette génération comme leur «maître à tous.»

Né en 1921 à Rzeszow en Pologne, ingénieur de l'Ecole polytechnique, licencié ès sciences, Jules Horowitz a donc rejoint le CEA en 1946. Parti se perfectionner un an à l'Institut de physique théorique de Copenhague, il publie en 1948 au Danemark la première étude théorique de la désintégration du muon. De retour en France, il rejoint le tout nouveau Service de Physique mathématique du CEA, où il poursuit simultanément des travaux de physique pure et des calculs de pile. Ces calculs le conduiront plus tard à introduire en France les premiers ordinateurs et à créer une section au CEA pour leur exploitation 48 . En 1952 Horowitz prend la tête du Service de physique mathématique et s'oriente vers l'étude des piles, la «pilologie» comme on dit à l'époque. Il sera nommé chef du Département des études de piles en 1959 puis directeur des Piles atomiques en 1962. 49

Notes
48.

D'après Les défis du CEA, octobre 1995, pp. 72-73.

49.

Avec la réorganisation du CEA de 1970, Horowitz quitte le domaine des réacteurs pour diriger la recherche fondamentale du CEA, jusqu'en 1986. Président du conseil du Joint European Torus de 1984 à 1987 dans le cadre de la fusion contrôlée, président du conseil d'administration de l'European Synchrotron Radiation Facility 1988 à 1993, il décède le 3 août 1995.