3.3.2. Le développement de la sûreté au Royaume-Uni

Il est difficile de mesurer quel était le degré d'avancement des conceptions britanniques en matière de sûreté avant 1954, car comme partout dans le monde, les aspects «sécurité» étaient traités par les développeurs eux-mêmes comme partie intégrante des projets. De plus, jusqu'à cette date, le programme nucléaire était essentiellement militaire, donc secret.

Les précautions prises à l'égard du risque atomique orientent même les projets, comme par exemple le choix du matériau pour les gaines de combustible, mais on découvre au fur et à mesure un certain nombre de problèmes, et notamment grâce à des conseils avisés des scientifiques et ingénieurs américains qui y ont été confrontés quelques années auparavant.

Les questions de sûreté sont cependant mentionnées dès le premier rapport de l'Autorité de l'Energie Atomique (UKAEA) britannique. Dans son paragraphe 143 intitulé «Safety», le rapport reprend deux articles - qui se veulent rassurants - de la loi de 1954 lançant le programme atomique civil, insistant comme aux Etats-Unis sur le fait que les réacteurs ne peuvent pas se transformer en bombes atomiques :

‘«…La première chose importante à reconnaître est le fait qu'une «explosion atomique» ne peut pas se produire dans un réacteur de puissance. Si les installations nucléaires sont correctement conçues, les accidents qui pourraient s'y produire ne seront pas plus dangereux que ceux dans d'autres industries. ’ ‘«…Les réacteurs qui seront construits pour la production commerciale d'électricité ne présenteront pas plus de danger pour la population vivant aux alentours que de nombreuses industries situées dans des zones urbanisées. Néanmoins, les premières centrales, même conçues de façon à être intrinsèquement sûres, ne seront pas construites dans des zones de forte population.» 161

Malgré ces propos rassurants sur la comparaison des risques des centrales atomiques et de ceux des autres industries, les spécialistes sont conscients des dangers de cette nouvelle forme d'énergie, et ils essaient d'évaluer les pires conséquences possibles d'accidents de réacteurs.

Notes
161.

Cmd 9389, paras. 36 and 37, p. 26. Repris dans : UKAEA, First Annual Report, 1954-55, London, Her Majesty's Stationary Office, &143, p. 26. Le texte original est :

«… The first important thing to recognise is that it is impossible for an 'atomic explosion' to take place in a power reactor. If nuclear power facilities are properly designed any accidents that may occur will be no more dangerous than accidents in other industries.

«…The reactors that will be built for the commercial production of electricity will present no more danger to people living nearby than many existing industrial works that are sited within built-up areas. Nevertheless the first stations, even though they will be of inherently safe design, will not be built in heavily built-up areas.»