3.4.3. Le rôle des accidents

Mais encore et surtout, la mise sur pied d'une organisation de la sûreté nucléaire en France découle des accidents et incidents, véritable série noire de la fin des années 50, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Yougoslavie, en Union soviétique, au Canada et en France.

3.4.3.1. NRX

Un premier avertissement est donné en 1952 sur le grand réacteur canadien NRX (National Research Experimental) de Chalk River qui subit un accident de refroidissement. NRX est une pile d'essai de 30 MW modérée à l'eau lourde et refroidie à l'eau légère. L'accident 205 se produit au cours d'un arrêt ou d'une marche à faible puissance. Des vannes de by-pass sur les circuits pneumatiques qui servent à la chute accélérée des barres sont ouvertes de façon intempestive, ce qui provoque une remontée de plusieurs barres de contrôle et une importante excursion de puissance. Après plusieurs tentatives infructueuses de faire redescendre les barres, c'est la vidange de l'eau lourde qui permet l'arrêt de l'excursion. Les dégâts sont très importants car le refroidissement de la pile n'était pas en service à ce moment-là. Une bonne partie des éléments de combustible en uranium métal ont fondu, les gaines en aluminium se sont rompues et les tubes qui séparaient les circuits d'eau lourde des circuits d'eau ordinaire et d'air ont été endommagés, de même que la cuve et les tuyaux de circulation. 10 000 curies de produits de fission sont retrouvés en majeure partie dans les sous-sol du bâtiment qui ont été noyés par 4 000 tonnes d'eau, alors que des morceaux d'uranium fondu et d'oxyde d'uranium très irradié gisent en divers endroits de la cuve. Quinze mois seront nécessaires pour la remise en route de la pile.

Notes
205.

La description des accidents de NRX, NRU, et Alizé s'inspire du cours de F. de Vathaire, «La sûreté des piles atomiques», Cours de Génie Atomique, INSTN, 1963, CXI.