PARTIE II : L'élaboration d'une doctrine et l'institutionnalisation de la sûreté en France (1960-1970)

Chapitre 4. L'institutionnalisation de la sûreté au sein du CEA : l'examen par la Commission de Sûreté des Installations Atomiques (CSIA) des piles du CEA

4.1. Introduction : le rôle de la commission

Au début de l'année 1960, les structures d'examen des dangers des réacteurs atomiques ont été mises en place au sein du CEA, sous la forme d'une Commission de Sûreté des Installations Atomiques. Il ne s'agit pas d'une instance consultative de «sages» mais d'une assemblée qui détient un pouvoir et qui regroupe d'éminents spécialistes de l'énergie nucléaire, les grands directeurs du CEA, sous la présidence du Haut-commissaire. La commission s'appuie sur cinq bras séculiers, les sous-commissions chargées respectivement de la sûreté des piles, des masses critiques, des risques de contamination chimique ou radioactive, des sites, et des transports. Nous nous intéresserons presque exclusivement à la plus importante de ces sous-commissions, la sous-commission de sûreté des piles (SCSP) placée sous la responsabilité de Jean Bourgeois. Elle dispose d'un groupe permanent d'ingénieurs, le Groupe Technique de Sûreté des Piles. Les bases méthodologiques d'examen de la sûreté sont posées grâce aux exemples américain et britannique. Il reste à examiner comment vont s'établir les rapports entre ces examinateurs et les responsables des projets, dans un premier temps au sein du commissariat, puis au contact des différentes organisations qui s'intéressent progressivement aux questions nucléaires.