4.1.1. Francis Perrin et le fonctionnement de la CSIA

Francis Perrin présidera toutes les réunions de la Commission sans exception. Successeur en 1951 de Frédéric Joliot comme Haut-commissaire, il occupe ce poste pendant vingt ans. De 1960 à 1970, c'est sous sa haute autorité scientifique qu'est examinée la sûreté des piles du CEA, puis celles d'autres organismes. Pendant cette période, la Commission reste le seul organisme compétent en France.

Le président de la commission n'est pas un novice en matière d'énergie nucléaire. Né en 1901, fils du prix Nobel de physique 1926 Jean Perrin, il est l'une des grandes figures de la physique des années 30 en France. Reçu à l'Ecole Normale Supérieure à seize ans et demi, agrégé de physique à 22 ans, il obtient une thèse de mathématiques en 1928 pour une «étude mathématique du mouvement brownien», et l'année suivante une thèse en physique sur la «fluorescence des solutions» avec pour présidente de jury Marie Curie. Outre ses travaux sur la radioactivité bêta négative et bêta positive, sur le neutrino, ou sa théorie permettant d'expliquer les fortes probabilités d'absorption des neutrons très lents par certains noyaux, il est aux côtés de Joliot, Halban et Kowarski l'un des grands pionniers de la réaction en chaîne grâce à ses calculs de masse critique. En 1945, il est l'un des quatre premiers commissaires du CEA. Professeur au Collège de France à partir de 1946, il est élu à l'Académie des Sciences en 1953. Il préside la deuxième conférence internationale de Genève en 1958.

Francis Perrin (Cliché CEA)
Francis Perrin (Cliché CEA)

La première réunion de la Commission se tient le 11 février 1960, 69 rue de Varenne, sous la présidence du Haut-Commissaire. 244 Les réunions ont lieu de façon régulière tous les trois mois, à quoi s'ajoutent quelques séances extraordinaires. Les séances se déroulent à l'identique : le président de chaque sous-commission expose les activités de son groupe devant les membres de la Commission, composée par les responsables des directions du CEA. Lors de la première réunion par exemple, sont présents, outre le Haut-Commissaire Francis Perrin, M. Baissas (pour la Direction du Cabinet du Haut-Commissaire), M. Taranger (Direction Industrielle), M. Yvon (Direction de la Physique et des Piles Atomiques). M. Gemahling représente M. Piatier (Direction des Matériaux et des Combustibles Nucléaires) empêché. M. Bourgeoisest également présent, seul président de sous-commission nommé à cette date. M. Long assure le secrétariat.

Le constat d'un manque de moyens face à la tâche à accomplir s'impose aux sous-commissions dès la fin de la première année de fonctionnement de la CSIA. Un dernier point à l'ordre du jour de la réunion du 21 décembre 1960 évoque les contacts franco-britanniques en matière de sûreté : M. Bourgeois expose les conditions «très favorables» dans lesquelles a commencé une collaboration franco-britannique dans le domaine de la sûreté des piles. Il ne manque pas de souligner les moyens importants dont dispose M. Farmer, chargé du Service de Sûreté des piles de l'UKAEA, soit 85 personnes à temps plein. Il envisage la nécessité à brève échéance de l'augmentation du personnel dont il dispose pour les études de sûreté. Le GTSP compte en effet 3 ingénieurs en juillet 1960; il comprendra 15 ingénieurs et physiciens à Saclay en 1964, une trentaine d'ingénieurs en 1967, alors répartis entre Saclay et Cadarache. Les services de M. Farmer sont également prêts à collaborer avec la Sous-Commission des Masses Critiques en matière de criticalité souligne M. Galley.

Notes
244.

PV CSIA, Séance du 11 février 1960. Archives CEA, Fonds du Haut-Commissaire. Boîte F5 26 55.