4.2.1.1. Rubéole II et les normes de protection

L'un des premiers problèmes traités est celui de la protection biologique des installations qu'il s'agit de normaliser. En effet, jusqu'aux accidents de Vinca d'octobre 1958 en Yougoslavie et d'Alizé en 1959, aucune règle de sécurité formalisée n'existait concernant la protection biologique des expériences critiques et sous-critiques en France 250 : aucune norme n'existait sur les dimensions, la nature des parois entourant les expériences afin de limiter les doses de rayonnements auxquels les expérimentateurs pouvaient être exposés. Le 21 décembre 1960, la Commission est amenée à discuter des hypothèses adoptées pour le calcul des protections qui viennent d'être installées sur Rubéole II : il est décidé qu'une excursion de puissance de 1018 fissions devra provoquer une exposition maximale d'1 rem pour le personnel placé au tableau de commande. Ce n'est que sous cette condition que l'autorisation de mise en exploitation est accordée par la Commission. Mais cette norme ne fait pas l'unanimité, ni quant au nombre de fissions susceptibles de se produire, ni sur la dose admissible. C'est pourquoi il est demandé à la Sous-Commission de Sûreté des Piles de continuer à étudier la valeur maxima du nombre de fissions possibles pour une excursion de puissance suivant les milieux, en tenant compte en particulier des renseignements que l'on peut recueillir à l'étranger et notamment en Grande-Bretagne. D'autre part, la Commission suggère de demander l'avis du Service d'Hygiène Atomique et de Radiopathologie (SHARP) sur la dose tolérable en cas d'accident.

Cette discussion illustre à nouveau l'aspect dual du risque nucléaire : le lien entre la source physique de l'émission des rayonnements et la nocivité de ces rayonnements. Toutes les incertitudes se cumulent : que ce soit sur l'évaluation des causes, le nombre de fissions qui est du domaine des physiciens, ou sur l'évaluation des conséquences biologiques qui sont du ressort des médecins.

Notes
250.

F. de Vathaire, «La sûreté des Piles Atomiques», Cours de Génie Atomique, CXI, INSTN, 1963, p. 17.