4.3.3.2. Examen du rapport de sûreté de G2-G3

Le rapport de sûreté des piles G2 et G3 est examiné par la commission en mars 1963, mais la Sous-Commission de Sûreté des Piles n'émet pas de proposition de décision. D'un point de vue technique, trop d'incertitudes demeurent, trop d'études sont en cours dont les résultats sont importants pour pouvoir porter un jugement. Mais ici, dans le doute, on continue l'exploitation comme avant. A aucun moment, dans les comptes-rendus de séance au cours des années 60-69, une décision n'a été prise pour l'autorisation de G2-G3 suivant des critères de sûreté.

En mars 1963, M. Bourgeois se propose de faire devant la Commission une revue générale des études de sûreté effectuées sur G2 G3. Si le caisson du réacteur «a répondu à tous les espoirs qu'on avait placés en lui», si la peau d'étanchéité ne soulève pas de problème, la question des tuyauteries du circuit primaire est jugée particulièrement importante, à cause des conséquences possibles d'une rupture brutale. Une telle rupture semble «extrêmement improbable», mais M. Bourgeois estime qu'on doit néanmoins en envisager les conséquences. Un certain nombre d'études sont en cours dont certaines conduisent d'ores et déjà à des améliorations : pour les tuyauteries il est prévu une modification des supports, l'installation d'appareils de mesure, la mise en service d'un code d'entretien. Le système de contrôle est également amélioré, les chambres des chaînes de contrôle seront doublées pour se mettre en conformité avec la doctrine de la Commission consistant à disposer de sécurité par coïncidences 2 de 3. Les câbles de suspension des barres de contrôle sont remplacés par des tiges flexibles qui procurent la même sécurité de chute, tout en éliminant les risques de rupture.

M. Bourgeois relate que les ruptures de gaine sont en nombre relativement faible et n'ont pas d'inconvénients marqués, mais il reste à vérifier que l'activité du circuit primaire et de la DRG demeurent dans des limites acceptables. Dans le cas contraire, ces ruptures de gaine conduiraient à arrêter ou du moins à décharger la pile ce qui justifie l'intérêt des contrôles du métal des gaines et de l'examen des cartouches avariées. Dans ces deux domaines des améliorations sont apportées par la mise en service dans les usines d'appareils de contrôle non destructifs mesurant la taille des grains des barreaux.

Mais certaines améliorations ne sont pas possibles sur des piles déjà existantes comme G2 et G3 : par exemple, la proposition du Haut-Commissaire d'installer des limiteurs de débit en cas de rupture des tuyauteries, comme c'est le cas sur les piles EDF 290 , n'est guère envisageable après coup.

D'autres études dont on attend les résultats concernent les effets thermiques de l'accident de dépressurisation : des calculs sur machine ont été menés mais une expérience sera faite pour vérifier la validité des méthodes de calcul utilisées. Ceci dit, Bourgeois n'est pas sûr qu'il soit possible de réaliser les conditions pratiques de l'expérience.

Le président de la SCSP termine son exposé en indiquant qu'il ne propose pas de décision particulière à la CSIA pour le moment car il faut attendre le dépouillement des expériences et mesures en cours pour mieux définir les paramètres de fonctionnement de G2 et G3. Les consignes futures de fonctionnement en marche normale dépendront de ces résultats.

Notes
290.

Sans anticiper sur la suite des événements, précisons que depuis 1956, EDF s'est lancé dans un programme de construction de tranches UNGG sur le site de Chinon dont les trois premiers réacteurs EDF1, EDF2, EDF3, engagés respectivement en 1956, 1957 et 1959 divergeront en 1962, 1964 et 1966.