6.1.3.2. L'examen des problèmes techniques

6.1.3.2.1. Les appareils sous pression

L'examen des problèmes techniques débute par une présentation de M. Lamiral qui donne les indications essentielles sur le bâtiment sphérique, les dimensions, la nature et les caractéristiques du métal. Par exemple, la sphère a été calculée pour une pression intérieure de 2,7 kg/cm2. Dans les hypothèses les plus pessimistes, la surpression serait, au maximum, de 2,41 kg/cm2, avec une température interne de 207° en cas de rupture d'une canalisation de sortie de gaz. En cas de rupture d'une tuyauterie d'entrée, la pression serait de 2,16 kg/cm2, la température de 157°. La sphère a été construite pour être rigoureusement étanche. Toutefois, compte tenu des difficultés techniques de contrôle de l'étanchéité, Electricité de France n'a pas l'intention de subordonner la mise en service de la centrale à une épreuve d'étanchéité. Par contre, un essai d'étanchéité, avec mesure du taux de fuite, sera effectué lors d'un arrêt d'exploitation.

Après le site et la sphère, la Commission passe à l'examen du circuit primaire. M. Bourgeois expose que la sauvegarde de l'étanchéité de ce circuit est absolument essentielle pour la sécurité des personnes et des biens, ce qui a conduit à étudier en détail les diverses parties constituantes de ce circuit : caisson, tuyauteries, soufflantes et échangeurs. La sécurité du caisson est exposée sous ses aspects administratifs et techniques de façon détaillée par Lamiral. Du point de vue administratif, le caisson est soumis à la réglementation du Service des Mines et il a fait l'objet de deux «dérogations», accordées successivement par le Ministre de l'Industrie et du Commerce, sur proposition de la Direction des Mines : ces textes portent sur les méthodes de calcul, les caractéristiques et traitements des aciers, les conditions d'assemblage et de soudure des tôles, les contrôles.

En effet, il existe en France une réglementation sur les appareils à pression aux termes de laquelle l'Administration impose aux constructeurs et utilisateurs un certain nombre de mesures, fixées par des lois, des décrets ou des arrêtés. Les constructeurs sont tenus de déclarer à l'Administration des Mines, dossier à l'appui, les appareils à pression qu'ils réalisent. Une épreuve hydraulique est pratiquée sur chaque appareil en présence d'un représentant de l'Administration qui appose alors un poinçon sur la plaque signalétique et dresse un procès verbal. Lorsqu'un appareil comporte des particularités non prévues par la réglementation, des dérogations peuvent être accordées par décisions ministérielles. EDF a ainsi soumis le caisson en acier du réacteur EDF1 aux responsables des Mines en mars 1957, ainsi que la demande de deux dérogations, très liées à l'histoire de la construction et aux difficultés rencontrées, concernant l'application aux joints soudés d'un coefficient d'efficacité égal à 0,9 au lieu de 0,7, et la dispense de ré-épreuve du caisson.

Devant la CSIA Lamiral insiste sur le fait qu'Electricité de France ne s'est pas contentée de la stricte application de ces dérogations, mais qu'elle a fait des études beaucoup plus complètes sur les risques de rupture fragile, et sur la détermination des contraintes aux points singuliers. Il explique cette attitude par le fait que les ingénieurs d'EDF ont constaté une dispersion importante des résultats obtenus à l'aide de divers codes de calculs. C'est pourquoi des essais sur maquette ont été effectués pour obtenir une connaissance satisfaisante des conditions de travail du métal. Pour les tuyauteries, des mesures permanentes sont prévues par jauges de contrainte et dilatomètres.