Partie III : les repercussions du transfert de technologie depuis les Etats-Unis, redistribution des rôles, continuite dans la doctrine de sûrete (1970-1979)

Chapitre 8 : La mise en place du tripode de la sûreté

8.1. La guerre des filières

Les années 1967-1969 marquent un tournant dans l’histoire du développement de l’énergie nucléaire en France, puisqu’elles voient l’abandon de la filière “française” graphite-gaz au profit de la filière américaine à eau légère. Ce tournant va conduire à une réorganisation complète au sein des différents acteurs impliqués dans le jeu nucléaire français, que ce soit au CEA, à EDF, dans l’industrie ou encore dans l’administration. L'adoption de cette filière va également impulser un certain nombre de changements en matière de sûreté, tant au niveau des organisations qu’au niveau des méthodes et des concepts.

Sans entrer dans le récit des arcanes de ce qu’on a appelé la “guerre des filières” qui a marqué ces années et dont les épisodes ont été relatés par de nombreux auteurs 472 , notons simplement que d’âpres conflits se sont déroulés entre le CEA d’une part, fervent défenseur de la filière qu’il a développée, en particulier sous la houlette de Jules Horowitz, et EDF de l’autre, plus attirée à partir de 1966 par les performances économiques des réacteurs à eau légère développés aux Etats-Unis, le tout sous l’arbitrage du gouvernement et de différentes commissions (commission Péon, commission du Plan).

La littérature est en effet abondante concernant cette “guerre des filières”, dont un survol permet de relater les principaux enjeux. Un récit factuel et non partial des différents intérêts en jeu dans cette “guerre des filières” peut être trouvé dans l’ouvrage collectif consacré à l’histoire d’EDF, de Picard, Beltran et Bungener. 473 Il retrace les enjeux pour les différentes parties, et en particulier les ressorts internes et les changements d’attitude d’EDF à l’égard du nucléaire.

Le récit le plus détaillé se trouve certainement dans l’ouvrage de Georges Lamiral 474 . Cet ingénieur d'EDF insiste sur l’évolution des conceptions en matière de filière, au sein des Etats-majors du CEA, d’EDF, ou au niveau gouvernemental, et sur les relations des deux agences avec le pouvoir et les ministres successifs. Il relate les incertitudes concernant la compétitivité des derniers réacteurs graphite-gaz de Bugey I et Saint-Laurent, les doutes qui apparaissent après la progression du nombre de commandes passées dans le monde pour les réacteurs à eau légère américains, très attractifs au point de vue prix. Il montre les doutes consécutifs aux incidents survenus sur EDF3 pendant “l’année noire” de 1966, où les échangeurs de chaleur, les groupes turboalternateurs et surtout la détection de rupture de gaines conduisent à arrêter complètement le réacteur pendant dix mois et à poursuivre son fonctionnement pendant 14 mois à la moitié de sa capacité. Il attache une importance particulière aux relations entre EDF et le CEA et notamment au rapport signé en commun par les représentants du CEA et d'EDF, dit «rapport Horowitz-Cabanius«, respectivement Directeur des Piles Atomiques au CEA et Directeur de l’Equipement à EDF. Les deux hommes ne purent dans un premier temps arriver au rapport de synthèse commun prévu. Jean Cabanius remet son rapport le 25 janvier 1967 tandis que Jules Horowitz remet le sien le 1er février. Une note de synthèse diffusée le premier juin fait clairement apparaître les divergences entre les deux organismes quant à l’avenir de la filière graphite-gaz. Le résultat du rapport est le suivant : la France poursuit son programme d'équipement avec un projet de deux tranches graphite gaz à Fessenheim, tout en engageant une deuxième centrale à eau légère avec les Belges, à Tihange. Cette décision de poursuivre le programme UNGG est contestée par EDF, d'autant plus que la centrale de Fessenheim est prévue pour être la tête de série du programme nucléaire à venir. Le Directeur général, André Decelle, remet d'ailleurs sa démission au printemps 1967 pour marquer sa désapprobation du choix qui vient d'être fait.

Lamiral décrit de façon détaillée les changements à la tête d’EDF avec l’arrivée de Marcel Boiteux comme Directeur Général, acquis à la cause des réacteurs à eau et qui poursuit le combat de son prédécesseur. Le remaniement gouvernemental du 10 juillet 1968 et les changements de personne précipitent également l'abandon de la filière UNGG. Maurice Schumann, qui «n'était ni un scientifique, ni un technicien [et qui] avait adopté sans réserve le point de vue du CEA», est remplacé par Galley comme Ministre Délégué auprès du Premier ministre chargé de la recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales. Galley, bien qu'ancien du CEA, était comme une partie des personnels du commissariat, favorable aux projets à eau légère. Le remplacement du Ministre de l'industrie Olivier Guichard par Bettencourt, qui «acquit la conviction que la France devait s'orienter sans tarder vers la réalisation de centrales nucléaires équipées de réacteurs à uranium enrichi et eau légère» va aussi jouer un rôle majeur dans l'évolution du point de vue de la haute administration à l'égard des différentes filières. 475 Les débats dans ces hautes sphères lui permettent de montrer la conviction croissante des autorités de la nécessité de s’orienter vers la filière à eau. Ces atermoiements dans le processus décisionnel ayant repoussé l’engagement de Fessenheim dans la filière graphite-gaz auront finalement “précipité” l’abandon de la filière UNGG.

Michel Dürr 476 , ancien de la Direction de l'Equipement à EDF, présente la version «officielle» côté EDF. Il préfère relativiser le poids des conflits de personnes et d’institutions au profit d’une analyse basée sur les problèmes plus généraux concernant la situation énergétique de la France. Il présente EDF comme simple exécutant des décisions politiques prises au plus haut niveau gouvernemental, conformément aux évaluations fournies par la Commission Péon, la Commission pour la Production d'Electricité d'Origine Nucléaire.

Créée en 1955, elle a pour objectif de conseiller le gouvernement sur les questions nucléaires. Jusqu'à la fin des années soixante, les décisions sont négociées entre CEA et EDF et la commission ne fait qu'entériner les décisions. Son rôle croît lors de la guerre des filières. Au sein de la commission Péon, les experts de l’Administration et des grandes entreprises du domaine énergétique travaillent d’ailleurs d’après des analyses proposées par les services d’EDF et celles de la direction du gaz, de l’électricité du charbon du ministère de l’Industrie. Le gouvernement dispose aussi de la Commission de l’énergie du Plan qui analyse et évalue l’équilibre énergétique d’ensemble. C'est en s'appuyant sur les avis de ces différentes commissions d’experts qu'EDF et les Pouvoirs Publics sont amenés à opter de façon fort logique pour la filière la plus performante, la filière à eau légère. C’est pourquoi Dürr présente le processus décisionnel qui conduit au choix du “grand programme nucléaire”, puis de la filière à eau légère comme “un problème d’Etat”, “bien posé, prudemment abordé”.

D’autres auteurs insistent sur les rivalités sociologiques entre le CEA, où prédominent depuis Guillaumat les polytechniciens membres du corps des Mines et ceux du corps des Ponts et Chaussées d’EDF. “La bataille autour des réacteurs nucléaires devient donc bien davantage qu’un simple chipotage pour quelques centimes par kilowatt/heure : elle va faire resurgir cent cinquante ans de rivalité institutionnelle.” 477 Pringle et Spigelman relatent le conflit entre Horowitz et Massé, Président d’EDF, “particulièrement agacé par la prétendue supériorité dont se prévalent les anciens du corps des Mines, au CEA”, les liens du Commissariat avec le pouvoir, et de Gaulle en particulier, ce qui explique la résistance contre l’abandon de la filière “graphite-gaz”. Après le départ de Charles de Gaulle et son remplacement par Pompidou en avril 1969, la voie est ouverte pour la filière à eau légère américaine. S’appuyant sur les entretiens relatés par Simonnot 478 à propos de la Commission Péon, Pringle et Spigelman donnent une vision assez noire des hommes du CEA et d’Horowitz en particulier, “qui fait montre, dans le choix du réacteur français, de “terrorisme intellectuel”, décrétant que certains mots tabous sont un affront au patriotisme français. Ainsi le terme “eau légère” est-il interdit; on désigne le réacteur américain par l’expression “réacteur étranger expérimental.”” 479

Critiquant l’option nucléaire prise par EDF, Louis Puiseux, économiste et ancien d’EDF dénonce la prise du pouvoir par la technocratie qui résulte de ce choix. Il résume les enjeux sous-jacents dans cette bataille des filières où EDF et CEA ont deux visions différentes de leur rôle au service de la grandeur de la France : “(…) EDF et le CEA ne fonctionnent pas tout à fait selon la même échelle de valeur implicite. Le CEA se considère comme le bras séculier de la puissance française, parle au nom des intérêts supérieurs de la nation, subordonne résolument le critère de compétitivité économique à celui d’indépendance (…) - alors qu’EDF identifie sa mission de service public avec la minimisation du coût du kWh, arme de la compétitivité de l’industrie française sur les marchés extérieurs. Deux philosophies qui partagent également le gouvernement : de Gaulle d’un côté avec le drapeau français et les trompettes de l’indépendance, la haute administration financière et industrielle de l’autre, avec son modernisme à l’Américaine, qui voit d’un assez mauvais œil l’activité du CEA, budgétivore et incontrôlable. Le conflit CEA-EDF qui conduira en 1969, peu après le retrait du général de Gaulle, à l’abandon de fait de la filière française UNGG au profit de la filière américaine LWR, ne sera que le lieu d’expression de ces deux tendances sous-jacentes. Au cours de cette période 1965-1970, la baisse du prix du pétrole brut contribuera à retarder les décisions : le Vè Plan français avait prévu l’engagement d’un à deux réacteurs nucléaires chaque année. EDF invoque le bas prix du kWh thermique classique d’origine pétrolière pour suspendre tout nouveau projet de 1967 à 1969.” 480 Puiseux poursuit en citant la célèbre allocution de Marcel Boiteux 481 , directeur général de l’EDF, prononcée le 16 octobre 1969 lors de l’inauguration de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, où il présente la centrale de la Loire comme la dernière, signifiant l’abandon de la filière UNGG au profit des réacteurs à eau : ”Il nous faut reconnaître, déclare Boiteux, que la filière à eau légère n’est pas plus éprouvée que la filière graphite-gaz sur le plan de la fiabilité (…). Mais il y a actuellement dans le monde environ 80 000 MW en construction ou en commande dans les filières à eau légère, alors que dans la filière gaz-graphite il y en a 8 000 en service ou en commande. Vous voyez la disproportion… Continuer, en France, dans nos petites frontières, à poursuivre une technique à laquelle le monde ne s’intéresse pas, cela n’a plus de sens aujourd’hui. Le fait que le marché mondial soit maintenant nettement orienté vers la filière à eau légère fait que nos industriels ne pourront se placer dans le monde industriel que dans la mesure où ils ont eux-mêmes un acquis valable dans la filière à laquelle le monde s’intéresse.” 482 Le hasard veut que le lendemain de son allocution, la centrale de Saint-Laurent des Eaux subisse un accident sérieux suite à une fausse manœuvre, entraînant la fusion des éléments combustibles de l'un des canaux du réacteur. Ce second incident sur une centrale UNGG, après celui subi par la centrale EDF3 en 1966, pèse sans nul doute sur la décision des Pouvoirs publics de s'orienter vers la filière à eau légère. 483

L'accident de Saint-Laurent-des-Eaux 1 du 17 octobre 1969.
A la suite d'une erreur sur le programme automatique principal de manutention (DPM) dont la fonction est de charger et décharger les éléments combustibles, des éléments de graphite sont disposés dans la machine au lieu d'éléments combustibles. Il se trouve que le dernier des cinq éléments de graphite est percé d'un trou de diamètre 20 mm contre 70 pour les autres. Alors qu'on charge le cinquième élément, le 17 octobre, celui-ci dépasse de sa position du fait de la plus grande poussée de CO2 provoquée par le trou de plus faible section. Croyant à une défaillance de l'automatisme, les opérateurs poursuivent manuellement l'opération. Quelques minutes plus tard, la détection de rupture de gaine généralisée provoque l'arrêt du réacteur. Le faible diamètre de perçage du dernier rondin a empêché un refroidissement suffisant du canal dans lequel l'élément était situé et a conduit à la fusion partielle du magnésium des gaines et de l'uranium. Les dégâts sont considérables : outre la fusion des éléments combustibles du canal endommagé, plus de 30 kilos d'uranium ont fondu, des débris contaminés sont présents sur l'aire supportant le cœur du réacteur, les échangeurs étant également contaminés. Les opérations de décontamination seront très délicates à cause de la forte radioactivité régnant en certaines parties du réacteur. Des ensembles de télémanipulation seront mis spécialement au point pour l'intervention, préparée sur maquettes. Le réacteur sera remis en service un an plus tard, le 16 octobre 1970.

Par ailleurs, si le choix des producteurs d’électricité du monde entier s’est tourné vers les réacteurs à eau légère américains, Bupp et Derian 484 démontrent très clairement comment Général Electric et Westinghouse, les deux géants américains, ont pu “intoxiquer” le marché en lançant des offres clés en mains à des prix de dumping. Ces propositions déclenchèrent un engouement généralisé pour ce type de réacteurs, laissant croire que leur compétitivité économique était déjà acquise alors qu’il s’agissait de prototypes. Mais aucune compagnie ne souhaitait rester en dehors du coup et chacun a tenu à sauter dans le train en marche qu'illustre l'expression devenue classique, le «great bandwagon market». En conséquence, les filières nationales pouvaient difficilement rivaliser à l’exportation en persévérant dans une voie limitée, qui aurait fermé à leur industrie les voies de l’exportation.

Mais les arguments, notamment économiques, qui l’ont finalement emporté ne se sont pas avérés par la suite être les plus justes, comme par exemple le prix de la thermie fioul très basse en 1967 qui justifiait avant 1970 la limitation du recours au nucléaire. Insistant sur la justesse des analyses de leur ancien patron ou collègue, des responsables du CEA 485 s’appuient sur le rapport d’Horowitz publié le 1er février 1967, intitulé “Examen des filières électronucléaires dans le contexte français actuel”, pour expliquer les préoccupations et les arguments qui amenaient Horowitz à justifier le recours aux centrales UNGG pour le programme nucléaire français. Ils montrent qu’Horowitz, malgré les arguments qu’il développait en faveur de la filière française, portait un jugement positif sur les centrales à eau ordinaire, se disant “impressionné par la standardisation, la concentration et la rigueur industrielle qui présidaient à la réalisation du programme américain.” 486 Leur témoignage relativise quelque peu la vision d’homme borné et malhonnête intellectuellement donnée par certains auteurs, le décrivant comme n'hésitant pas à utiliser tous les moyens pour faire prévaloir ses arguments auprès des autorités politiques. D'ailleurs, comme le confirme Marcel Boiteux, les lignes de front pouvaient également traverser les deux organismes : «il y avait autant de partisans convaincus de la filière graphite-gaz à l'EDF que de partisans de la filière à l'eau légère au CEA» 487 , dès lors que le CEA a su enrichir l'uranium grâce à son usine de Pierrelatte.

Mais, comme tout ce qui concerne l’énergie nucléaire, il est très difficile d’isoler une cause unique, un déterminant exclusif aux choix qui sont effectués, tant le nombre de paramètres, le nombre d’acteurs est important et les différents aspects de ces choix inextricablement liés, comme le souligne Michel Damian : «Tout au long du processus initié en 1945, les éléments politiques et économiques furent inextricablement liés. L'énergie nucléaire, qui était le point de rencontre pour un grand nombre de sujets entremêlés, fonctionna à tous les niveaux et en même temps : la guerre et les relations de pouvoir, aussi bien que la production d'énergie et d'équilibre des forces. En ne considérant que le prestige national ou le mythe de la promesse nucléaire, on s'aperçoit que les motivations en ce sens se sont amoncelées et ont changé d'une période à l'autre.» 488 Avec l'énergie nucléaire on rentre en effet dans un âge nouveau de l'histoire de la science et de la société, poursuit Damian : «Pourquoi, alors est-il si difficile de fournir une explication pour l'invention et le développement de l'atome pacifique ? Probablement parce qu'il est impossible de distinguer les différentes facettes de l'énergie nucléaire : source de destruction, de prestige et de puissance, de peur, d'énergie et de profits. 'La science a dépassé l'âge de l'indépendance vis-à-vis de la société', déclara J. von Neumann, le 31 janvier 1946 devant le Comité Spécial de l'Energie Atomique. Avec l'énergie nucléaire, tout est imbriqué. L'énergie nucléaire unifia la science, l'économie et le futur de la race humaine bien avant la menace de l'effet de serre.» 489

Après plusieurs années de «guérilla», le «déchaînement des passions» une fois endigué, une «paix constructive» 490 sera établie entre Marcel Boiteux d'EDF et Robert Hirsh 491 côté CEA. Le nouveau Premier ministre Georges Pompidou arbitrera finalement en faveur de la filière à eau légère, sous licence américaine. C'est ce choix du pouvoir politique qui sera dévoilé par Marcel Boiteux lors de l'inauguration de la centrale de Saint-Laurent en octobre 1969. Dernier avatar de cette période mouvementée, la centrale de Fessenheim, qui suivant une décision prise lors d'un conseil interministériel de décembre 1967 devait être construite dans la filière UNGG, sera finalement construite du type «eau légère».

Notes
472.

Parmi les plus récents, on peut citer : Hecht, Gabrielle, The Radiance of France, MIT Press, Cambridge, 1998; Frost, Robert L., Alternating Currents. Nationalized Power in France, 1946-1970, Cornell University Press, Ithaca and London, 1991; Soutou, Georges-Henri, «La logique d'un choix : le CEA et le problème des filières électro-nucléaires, 1953-1969», Relations internationales, n°68, hiver 1991, pp. 351-378; Jasper, James M., Energy and the State in the United States, Sweden and France, Princeton University-Press, Princeton, 1990.

473.

Picard, J.-F., Beltran, A., Bungener, M., Histoire(s) de l’EDF, Dunod, Paris, 1985.

474.

Lamiral, Georges, Chronique de trente années d'équipement nucléaire à Electricité de France, Association pour l'Histoire de l'Electricité en France, Paris, 1988.

475.

Ibid., p. 113.

476.

Dürr, Michel, «Le tournant nucléaire d'Electricité de France», in : Henri Morsel (dir.), Histoire de l'électricité en France, tome III, Paris, Fayard, 1996, pp. 683-782.

477.

Pringle, P., Spigelman, J., Les barons de l’atome, Editions du Seuil, Paris, 1982, p. 234.

478.

Simonnot, Philippe, Les Nucléocrates, Presses Universitaires de Grenoble, 1978.

479.

Pringle et Spigelman, op. cit., p. 235.

480.

Puiseux, Louis, La babel nucléaire, éditions Galilée, Paris, 1977, p. 116.

481.

Né à Niort en mai 1922, Marcel Boiteux, normalien, obtient l'agrégation de mathématiques au printemps 1946. Il est admis au CNRS sous la houlette du professeur Darmois, éminent statisticien, où il fait ses premiers pas d'économètre. Il devient l'assistant de Maurice Allais, futur prix Nobel d'économie, à l'Ecole des Mines de Paris. Il participe à la réforme de la tarification de la SNCF. Il démissionne du CNRS pour entrer le 1er avril 1949 à EDF, établissement pour lequel il portait un grand intérêt par le biais des tarifs. Ses travaux économiques le font remarquer par Pierre Massé, alors directeur général adjoint d'EDF. EN 1958, il est nommé Directeur chargé du service des études économiques générales d'EDF. Il met au point la tarification de l'électricité au coût marginal. Nommé le 1er janvier 1967 directeur général, il sera président d'EDF de 1979 à 1987.

482.

Puiseux, Louis, op. cit., p. 116.

483.

A propos de l'accident de Saint-Laurent, Gabrielle Hecht relate en détail l'intervention dans le réacteur et en particulier l'état d'esprit du personnel de la centrale qui mit toute son énergie à remettre en marche sa machine, considérée comme le fleuron des réacteurs nucléaires français avec ses 450 MW, l'un des plus puissants au monde. Leur volonté de remettre sur pied était d'autant plus grande que l'accident semblait confirmer la justesse de l'abandon de la filière UNGG annoncé par Boiteux. Hecht, Gabrielle, op. cit., pp. 309-318.

484.

Bupp, Irvin C., Derian, Jean-Claude, Light Water. How the Nuclear Dream Dissolved, Basic Books, New York, 1978.

485.

“Hommage à Jules Horowitz”, CEA, 1996. Allocutions de Pierre Tanguy et de Georges Vendryes.

486.

Pierre Tanguy, in “Hommage à Jules Horowitz”, CEA, 1996, p. 30.

487.

Marcel Boiteux, Haute Tension, Odile Jacob, Paris, 1993, p. 145.

488.

Michel Damian, “Nuclear Power, The ambiguous lessons of history”, Energy Policy, July 1992, pp. 596-607, p. 598.

L'original anglais est le suivant : “Throughout the process that was initiated in 1945, political and économic elements were inextricably linked. Nuclear power, which was the meeting place for a large number of interrelated issues, functioned on all levels at the same time: war and relations of power, as well as energy production and the economic balance of forces. If we take only national prestige or the mythology of the nuclear promise, then we see that motivations in this respect accumulated and changed from one period to another.»

489.

Ibid., p. 599. «Why, then, is it so difficult to provide an explanation for the invention and development of the peaceful atom ? Probably because it is impossible to distinguish between the various facets of nuclear power : it is a source of destruction, of prestige and power, of fear, of energy and profits. ‘Science has outgrown the age of independence from society’, said J. von Neumann, on 31 January 1946 before the Special Committee on Atomic Energy. With nuclear power everything is tied together. Nuclear power united science and economics and the future of the human race well before the threat of the greenhouse effect.»

490.

Selon les termes employés par Marcel Boiteux dans le chapitre «La bataille des filières nucléaires» consacré au conflit avec le CEA. Marcel Boiteux, op. cit., pp. 138-149.

491.

Né en novembre 1912, Robert Hirsh est polytechnicien, Officier de l'armée de l'air (1934). Nommé Directeur du matériel, du logement et des transports de la Sûreté Nationale (1944), il occupe des postes de préfet dans différents départements jusqu'en 1959. Il occupe la fonction d'inspecteur général de l'administration jusqu'en 1963 où il est nommé Administrateur Général Délégué du gouvernement près le CEA (1963-1970) à la suite de Pierre Couture. Dans le même temps, il est administrateur d'EDF de 1963 à 1970 et du CNES de 1968-1970.