8.2.3. Jean Bourgeois et la création du Département de Sûreté Nucléaire

En même temps que cette mission est créée une unité opérationnelle, le Département de Sûreté Nucléaire (DSN). A partir de 1970, la sûreté nucléaire prend donc corps. Le Département de Sûreté Nucléaire regroupe les moyens d’expertise en matière de sûreté qui s'étoffent progressivement. Le DSN sera pendant de nombreuses années LA référence en matière de sûreté nucléaire en France. Le DSN est l’œuvre de Jean Bourgeois. On raconte que Bourgeois se serait arrangé pour faire peur à Giraud en lui montrant l’importance de sa responsabilité en matière de sécurité en cas d’accident sur les installations nucléaires du CEA, afin que celui-ci le charge d’une unité opérationnelle consacrée à la sûreté.

Cependant, les organigrammes des rapports d’activité du CEA des années 70-71 traduisent le flou des structures : ainsi, Bourgeois est nommé Directeur (sans direction) mais chargé de la Commission de sûreté des Piles, le Département de Sûreté Nucléaire lui est rattaché personnellement. Si les organigrammes sont peu clairs, une chose ne souffre aucun doute : Jean Bourgeois est le patron de la sûreté nucléaire au CEA, et donc en France. Bourgeois choisit Pierre Tanguy pour prendre la tête du DSN. François Cogné est nommé adjoint au chef du Département. 501 La cheville ouvrière de la sûreté nucléaire en France jusque-là, François de Vathaire, ne figure plus sur les organigrammes : il a en effet quitté le CEA en 1970, ne croyant plus en l'avenir du nucléaire en France 502 .

Notes
501.

En fait, François Cogné a assuré l'intérim pendant un an à la tête du DSN, avant l'arrivée de Pierre Tanguy, dont le niveau hiérarchique au sein du CEA était plus élevé.

502.

La position de François de Vathaire n'était pas marginale à l'époque, car beaucoup pensaient que l'avenir du nucléaire était plus qu'incertain étant donné le faible prix du pétrole entre 1967 et 1970.