Chapitre 9 : L'adoption du PWR. Le transfert de technologie et ses répercussions en matière de sûreté

9.1. Le PWR : constructeurs et architecte

Après des années d’incertitude concernant la filière de réacteurs à développer, EDF, conformément aux décisions prises lors du Conseil Interministériel du 13 novembre 1969, lance le 2 février 1970 un appel d’offres pour la fourniture d’une chaudière nucléaire dans la filière à eau légère. EDF exigeait que les propositions qui lui soient remises pour équiper la première tranche de la centrale de Fessenheim prennent comme référence des chaudières nucléaires de même type en construction aux Etats-Unis et qui devaient être mises en service en avance sur Fessenheim 1. Deux propositions concurrentes sont examinées : une première proposition est soumise par Alsthom et Sogerca du groupe CGE (Compagnie Générale d'Electricité) pour une chaudière à eau bouillante sur le modèle de la centrale américaine Zimmer 1. La seconde proposition est présentée par la SFAC et Framatome 542 sur le modèle de la centrale américaine de Surry, qui avait déjà été choisie comme référence pour la centrale franco-belge de Tihange. La comparaison technique ne permet pas de trancher entre les deux types de chaudières qui présentent la même fiabilité et la même sécurité 543 , et c’est le critère de prix qui pousse EDF à retenir la proposition SFAC-Framatome pour la chaudière. La proposition d’Alsthom est retenue pour le groupe turboalternateur. C'est à partir de la centrale de Fessenheim, d'une puissance de 890 MWe, que débute réellement l'apprentissage d'EDF dans la technologie à eau légère. 544

Notes
542.

La SFAC forme la même année le groupe Creusot-Loire avec la Compagnie des Forges et Ateliers de la Loire, tandis que FRAMATOME appartient désormais au groupe Empain Schneider.

543.

Lamiral G., op. cit., p. 156.

544.

Un nouvel appel d’offres est lancé en 71 pour la construction des futures tranches de la centrale de Bugey : alors qu’EDF comme les pouvoirs sont favorables à l’engagement d’une centrale à eau légère bouillante, c’est finalement à nouveau le réacteur à eau pressurisée proposé par Creusot-Loire-Framatome qui l’emporte en octobre 1971 face à ses concurrents Alsthom-Sogerca et Babcock&Wilcox. Ce choix présentait l’avantage de consolider la position de ce constructeur en facilitant par là-même l’organisation optimale de sa production, tout en laissant le temps à EDF de définir sa politique de diversification, explique Lamiral. Les tranches 2, 3, puis 4 et 5 de la centrale de Bugey sont copiées sur le modèle des tranches 1 et 2 de la centrale américaine de North Anna, d’une puissance de 900 MWe.

En novembre 1971, EDF confirme la commande pour la construction d’une deuxième tranche à Fessenheim, jumelle de la première.