10.2.4. Résultats de l'étude

Les analyses précédentes ont été menées sur deux réacteurs à eau légère en exploitation, un réacteur à eau pressurisée Westinghouse de 788 MWe, Surry 1, et un réacteur bouillant General Electric de 1065 MWe, Peach Bottom 2.

Résumée grossièrement, l'étude conduit à une probabilité de fusion du cœur de 6.10-5 /réacteur-an, à peu près identique pour les deux réacteurs 635 , soit une chance sur 17 000 par réacteur et par an, ce qui équivaut à un accident tous les 170 ans pour un parc de 100 réacteurs identiques. Mais en plus, l'un des résultats avancés par l'étude Rasmussen est que la fusion du cœur ne conduit que dans un cas sur dix à des conséquences pour la santé du public.

Répondant aux estimations émises par le rapport WASH 740, les évaluations de l'équipe Rasmussen aboutissent à une probabilité, pour l'accident ayant les pires conséquences, de 10-9 par tranche et par an, ce qui est très faible, mais en plus, ses conséquences ne seraient pas aussi dramatiques qu'on l'estimait, puisque même en combinant tous les facteurs défavorables, le nombre de morts violentes s'élèverait à 92 (contre 3400 dans l'estimation WASH 740), le nombre de victimes à 200 (au lieu de 43 000), les dommages à 1,7 milliard de dollar-1973 (contre 10 milliards). Les différences tiennent essentiellement aux hypothèses prises en compte (méthode de recensement des populations, proportion de la radioactivité du cœur qui serait rejetée dans l'atmosphère, hypothèse de l'évacuation des populations…), celles du rapport 1400 se voulant plus réalistes, à la différence de celles du rapport 740 qui se voulaient majorantes.

Les auteurs comparent ensuite la probabilité que se produise un accident provoquant un nombre de morts donnés sur un parc de 100 réacteurs avec les estimations liées à d'autres accidents, d'origine humaine ou naturelle.

Les résultats sont donnés sous forme de courbes très explicites (reproduites plus loin) qui montrent que les risques provoqués par des accidents de réacteurs sont très inférieurs aux risques provoqués par les autres industries et même moindres que les risques naturels : le seul risque comparable au fonctionnement de 100 réacteurs est celui d'une chute de météorites !

Cette conclusion sera reprise avec enthousiasme par l'AEC, commanditaire de l'étude : elle montre en effet que l'énergie nucléaire est une énergie sûre, plus sûre que tout ce qui peut provoquer des dommages dans la vie moderne. Dès la publication en août 1974 de la version provisoire de l'étude, l'AEC lance une grande campagne de publicité. Le résumé le plus cité des résultats de l'étude est qu'une personne a à peu près autant de chances de mourir d'un accident de réacteur que d'être heurtée par une météorite.

Courbes de Rasmussen
Courbes de Rasmussen
Notes
635.

«Comme par hasard», remarquent les sceptiques…, qui voient là la démonstration du caractére éminemment politique de ce genre d'expertise, où Rasmussen ne se serait pas autorisé à départager les deux filières en compétition.