11.1. Etudes de sûreté sur les réacteurs à eau légère

A partir de 1974, l'augmentation massive des commandes par EDF de réacteurs à eau pressurisée nécessite la mise sur pied en parallèle663 d'un vaste programme de recherches au CEA, et ce d'autant plus que les centrales commandées représentent une grosse extrapolation de puissance (900 puis 1300 MWe) par rapport aux réacteurs de la fin des années soixante, dont les puissances dépassaient rarement les 300 MWe.

En lançant un programme propre d'études de sûreté, les responsables du CEA décident de ne pas s'attaquer à tous les problèmes posés par ce type de réacteur, en s'appuyant sur les études déjà menées ou en cours dans les autres pays, et principalement aux Etats-Unis. Pour des raisons de moyens aussi bien financiers qu'en compétences humaines, ils limitent leur programme aux problèmes qu'ils considèrent comme mal étudiés, ceux couverts par le secret commercial, ou ceux qu'ils estiment suffisamment importants pour nécessiter de disposer d'éléments d'appréciation indépendants.

Dans le cas des réacteurs à eau, l'accent est mis sur la prévention des accidents : de nombreuses études tentent d'évaluer la tenue des matériaux utilisés pour les deux premières barrières (gaine du combustible et acier du circuit primaire), et le comportement des fonctions de protection et de sauvegarde. Mais le programme comporte également des études sur les accidents, et en particulier sur les phénomènes physiques qui interviennent au cours des accidents graves - pour lesquels de nombreuses incertitudes demeurent - et principalement l'accident de perte du fluide de refroidissement, le LOCA.

Le jugement des analystes de sûreté, en plus des résultats de ces recherches, peut bénéficier à partir de 1972 d'études sur la fiabilité des matériels, prémisses de futures études probabilistes.

Les principaux problèmes abordés par les études de sûreté peuvent être regroupés en trois grandes catégories : les accidents de perte de refroidissement (LOCA), les aciers pour cuve, le comportement du combustible.

Notes
663.

Les dépenses (exprimées en millions de dollars US, monnaie courante) du CEA pour la sûreté des réacteurs marquent un net accroissement entre 1974 et 1975 :

19721973197419758,111,514,429,1

chiffres tirés de : Ringot, C., «French Safety Studies of Pressurized-Water Reactors», Nuclear Safety, Vol. 19, N°. 4, July-August 1978, p. 412.