11.2.3.2. Deuxième examen de Phénix : la séance du 13 mai 1969

Une deuxième séance de la Commission se tient le 13 mai 1969 pour l'examen de la sûreté de Phénix. C'est cette fois Rémy Carle, responsable du projet, qui défend devant la commission les solutions adoptées. Il décrit les essais menés pour confirmer la tenue de l'enceinte primaire, en toutes ses parties, à une pression de 6 bars, et signale que des viroles dépassant de la dalle ont été laissées en attente comme l'avait demandé la Commission pour éventuellement pouvoir y souder une cloche métallique supplémentaire. M. Carle décrit les études qui ont été menées et les mesures concernant l'acier des cuves principales, la résistance et l'étanchéité du circuit d'argon primaire, l'interaction accidentelle du circuit primaire et du circuit secondaire, le problème de la sûreté de fonctionnement des barres de contrôle, ou le refroidissement du cœur.

Toutes ces études ont nécessité la mise sur pied d'un programme expérimental important, et la Sous-Commission de Sûreté des Piles a demandé à être tenue informée en permanence de son déroulement. Il faut en effet rappeler que Bourgeois, jusqu'à la création du Département de Sûreté Nucléaire en 1970, n'avait pas de moyens expérimentaux indépendants des projeteurs. Il ne disposait que de son petit Groupe Technique de Sûreté des Piles composé d'une quinzaine d'ingénieurs.

Suivant l'avis de la CSIA, la CIINB accorde une première autorisation le 31 décembre 1969. L'examen des rapports de sûreté préliminaire puis provisoire de Phénix aura lieu au cours des années 1972 et 1973, mais nous ne disposons plus alors du compte-rendu de la Commission, et le démarrage de Phénix interviendra en septembre 1973.

Entre-temps, des études préliminaires démarrent en 1971 pour le réacteur Superphénix d'une puissance de 1200 MWe687, contre 250 pour Phénix, 40 pour Rapsodie. Le réacteur de Creys-Malville est constitué de 364 assemblages fissiles comprenant 271 aiguilles (soit près de 100 000 aiguilles au total) longues de 2,7m et de diamètre 8,5 mm. Ces aiguilles fertiles contiennent de l'oxyde d'uranium enrichi et de l'oxyde de plutonium et sont gainées d'acier inoxydable. Le cœur comporte aussi une couverture radiale constituée d'assemblages fertiles comprenant des aiguilles contenant de l'oxyde d'uranium appauvri. Au total, le cœur contient l'équivalent de 4,8 tonnes de plutonium 239. La chaleur est extraite par quatre boucles de chaleur qui contiennent 5000 tonnes de sodium.

Notes
687.

Pour l'histoire du montage industriel du projet Superphénix, on pourra consulter le chapitre 9 de l'ouvrage de Georges Lamiral.