11.2.5. Le dimensionnement de Superphénix 1

Au début des années soixante-dix, les responsables du CEA placent de gros espoirs dans l'avenir des réacteurs à neutrons rapides. Dès 1972, ils proposent au ministère de l'industrie une liste de critères de sûreté pour Superphénix. Celui-ci les accepte, mais de façon non officielle et sous une forme provisoire. Il entend pouvoir éventuellement les réviser pour tenir compte des informations nouvelles provenant de l'exploitation de Phénix et des résultats des études et essais de sûreté en cours.

Il est d'ailleurs prévu que ces critères, notifiés aux responsables du projet, servent de base à une future réglementation pour les réacteurs à neutrons rapides. Les critères définissent en particulier les accidents à prendre en compte et les principes pour en prévenir l'apparition, les moyens de les détecter et les moyens destinés à en réduire les conséquences.

L'accident majeur envisagé pour Superphénix est dénommé «Accident de Dimensionnement du Confinement» (ADC). Il prévoit la prise en compte d'un accident fortement énergétique, caractérisé par une perte globale du refroidissement à pleine puissance (arrêt des quatre pompes primaires), sans chute de barres de sécurité, suivie d'une forte vaporisation du sodium et d'un dépôt élevé d'énergie provoquant la dispersion d'une portion du combustible, suivie éventuellement soit d'une interaction violente du combustible avec le sodium, soit d'un nouvel apport brutal d'énergie par recompaction du combustible. Cet accident conduirait à un dégagement d'énergie de 800 Mégajoules. C'est cette valeur qui a servi de base au dimensionnement de la cuve contenant le cœur et de la dalle de béton qui ferme le réacteur.

Les incertitudes sur les connaissances relatives à cet accident hypothétique expliquent pourquoi le décret d'autorisation de Superphénix exige que cet accident soit pris en compte et que le confinement puisse résister à ce dégagement d'énergie mécanique. L'avancée des connaissances doit éventuellement permettre de ne pas retenir ces hypothèses pour les réacteurs qui doivent suivre Superphénix I (SPXI). Les études de sûreté jouent donc un rôle majeur pour le développement éventuel de cette filière.