12.1.1. Le programme d'équipement nucléaire français

Après l'accord définitif de 1970 pour la construction par EDF de deux réacteurs PWR 900 MWe sur le site de Fessenheim, quatre autres tranches sont engagées à partir de 1971 sur le site de Bugey dans l'Ain. Les tranches de Fessenheim (1 et 2) sont couplées au réseau en 1977 et celles de Bugey (2, 3, 4 et 5) le sont en 1978 et 1979.

Entre-temps est intervenu le choc pétrolier et la décision du gouvernement d'un engagement massif de tranches nucléaires, au travers d'un premier Contrat Pluriannuel (CP1), en avril 1974, qui prévoit la construction de 12 tranches PWR 900, plus quatre en option. On entre alors dans une logique industrielle nouvelle pour la Direction de l'Equipement d'EDF emmenée par Michel Hug : après l'apprentissage du nucléaire avec Fessenheim et Bugey, il s'agit désormais de construire le plus rapidement possible des centrales à la chaîne. La politique choisie pour y parvenir est basée sur la standardisation des tranches par paliers successifs. Les tranches de Fessenheim et Bugey, rebaptisées rétrospectivement pré-palier CP0, qui devaient être à l'origine des copies strictes des centrales de référence américaines (Beaver Valley et North Annah), deviennent les «éléments précurseurs» d'une grande série de tranches. Les 12 premières tranches 900 du CP1 engagées entre 1974 et 1975 sont réparties sur trois sites, Tricastin, Gravelines et Dampierre, les quatre autres seront engagées à partir de 1977 sur le site du Blayais en Gironde. En 1980, deux tranches supplémentaires seront construites sur le site de Gravelines, portant à 18 le nombre total de tranches du palier CP1. Ces tranches ne sont cependant pas strictement identiques à celles du CP0, en particulier en ce que les générateurs de vapeur sont conçus de façon à être remplaçables.

L'année 1976 voit le lancement d'un nouveau Contrat Pluriannuel (CP2) et l'engagement de 10 nouvelles tranches PWR 900 destinées à équiper les centrales de Chinon B, Cruas et Saint-Laurent B. Le palier CP2 est dans ses grandes lignes semblable au palier CP1 : la principale modification de conception provient de la disposition du groupe turboalternateur, non plus tangentiel mais radial par rapport à l'îlot nucléaire, afin d'éviter qu'en cas d'éclatement de la turbine, le bâtiment réacteur ou d'autres bâtiments contenant des matériels importants pour la sûreté ne puissent être atteints par des projectiles. 698

Parallèlement à l'engagement des tranches 900 MWe, la Direction de l'Equipement étudie depuis 1972 un nouveau palier plus puissant de 1200 MWe. Le choix se porte finalement sur un projet 1300 MWe à l'été 1973. Les études aboutissent en 1976 au lancement de la centrale de Paluel, tête de série du palier dit P4 (1300 MWe) qui a pour référence la centrale américaine de South Texas. Il est important de remarquer que le projet est lancé alors que la construction de Fessenheim n'est pas achevée. Huit tranches seront construites suivant ce modèle sur les sites de Paluel, Flamanville et Saint-Alban, suivies de douze autres dans un version modifiée dite du palier P'4, sur les sites de Belleville, Cattenom, Nogent, Golfech et Penly.

Notes
698.

Les projectiles peuvent représenter plusieurs tonnes et des vitesses de plusieurs dizaines de mètres par seconde, c'est pourquoi des murs capables d'absorber les énormes énergies résultantes ont été rajoutés en cours de chantier sur les tranches de Fessenheim (dès le projet pour Bugey) entre la salle des machines et les locaux à protéger.