13.2.1.2. La commission Rogovin.

C'est également ce que conclue la commission «TMI 2 Lessons Learned Task Force», instaurée par la NRC dans les semaines qui suivent l'accident. La commission de la NRC remet un premier rapport 776 en juillet 1979 qui édite des recommandations urgentes et à court terme, puis un second 777 rapport en octobre 1979 concernant un domaine plus vaste d'actions et proposant pour l'avenir des recommandations générales pour la sûreté des réacteurs nucléaires.

La commission dirigée par Mitchell Rogovin aboutit aux mêmes conclusions que la commission Kemeny : elle critique la NRC pour son manque d'organisation et de coordination entre services et recommande 778 le remplacement de la NRC par une agence exécutive dirigée par un administrateur unique, l'implantation des centrales nucléaires dans des endroits éloignés des populations, la suspension des autorisations de construction et de fonctionnement tant que les réformes profondes concernant la NRC n'auront pas été appliquées. La commission suggère une amélioration notable de l'entraînement des opérateurs et l'établissement de nouveaux critères pour la qualification des chefs de quart, une prise en compte plus systématique des facteurs humains dans la définition et l'agencement des salles de contrôle-commande, et aussi la création de compagnies de service national qui feraient fonctionner les tranches nucléaires à la place des compagnies d'électricité.

Conséquence immédiate de l'accident, entre la fin avril et la mi-mai, les quatre centrales Babcock & Wilcox en fonctionnement sont arrêtées progressivement afin de former le personnel et installer une instrumentation et des procédures nouvelles. Ces centrales doivent en outre être dotées d'un Senior Licensed Operator supplémentaire possédant un entraînement spécial concernant l'accident qui s'est déroulé à TMI, capable de prendre les mesures adéquates si un tel accident se renouvelait.

Alors qu'anti et pro-nucléaires aux Etats-Unis attendaient avec impatience la réponse de la commission du Président Carter sur la question d'un possible moratoire, celle-ci s'est retrouvée partagée à égalité de voix. La résolution sur le moratoire n'est pas prise. «Il s'en est fallu de peu» note la Revue Générale Nucléaire. Mais il s'agit d'un moratoire de fait : quelques jours après la parution du rapport Kemeny, la NRC décide de suspendre la délivrance de nouvelles autorisations de centrales nucléaires aux Etats-Unis.

Notes
776.

ref. NUREG-0578.

777.

ref. NUREG-0585.

778.

D'après : Bulletin sur la sûreté des installations nucléaires, N°13, janvier-février 1980, p. 6.