chapitre 14. Le retour d'expérience à l'épreuve des incidents sérieux. La sûreté du parc nucléaire, 1979-1986

C'est pendant l'exploitation que s'effectue la vérification des principes de conception et de construction. Ainsi, la période d'exploitation des centrales nucléaires françaises qui suit l'accident de Three Mile, entre 1979 à 1986, doit apporter la preuve de la validité des choix effectués quelques dix ans auparavant pour les centrales qui démarrent. Et l'un des critères de jugement est le retour d'expérience sur les problèmes et incidents qui se produisent au cours du fonctionnement.

Cette période est marquée tout d'abord par l'accident survenu sur le réacteur graphite-gaz n°2 de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, considéré comme l'accident le plus grave qui se soit jamais produit sur une centrale nucléaire française. D'autres incidents vont défrayer la chronique comme l'affaire des «Défauts sous revêtements» découverts sur les plaques des générateurs de vapeur et sur les tubulures de cuve, et qui affectent les 18 tranches PWR du premier contrat pluriannuel au moment de leur démarrage en rafale. D'autres défauts de fabrication affecteront ensuite, là encore de façon générique, les broches de maintien des tubes-guides des grappes de commande des tranches, qui seront alors en fonctionnement. Ces deux incidents potentiellement dommageables pour la sûreté permettront d'illustrer le fonctionnement de l'expertise et les réactions des différents acteurs de la sûreté, eu égard aux répercussions pour la sûreté mais aussi aux conséquences économiques des options envisageables pour les solutionner. Enfin, la période post-TMI est marquée en France par un important incident sur le réacteur n°5 de la centrale du Bugey, qui n'aura pas de conséquences sur l'environnement, mais qui révélera des carences insoupçonnées de la conception et de l'analyse de la sûreté des réacteurs à eau pressurisée, permettant une nouvelle avancée dans la prévention du risque nucléaire.