16.1.1.1. La prévention de la corrosion côté secondaire

Les concepteurs avaient pris un certain nombre de mesures pour éviter les phénomènes de corrosion des tubes, initiateurs probables de ruptures. En particulier, des mesures avaient été envisagées pour prévenir la corrosion côté secondaire, car c'est de ce côté que les problèmes étaient attendus.

En effet, dans les générateurs de vapeur une évaporation se produit côté secondaire ce qui rend possible la concentration d'espèces chimiques dans les interstices ou les recoins, car l'eau du circuit secondaire peut être polluée par celle du circuit de refroidissement du condenseur. Des phénomènes de dégradation des tubes liés à la chimie du secondaire étaient apparus aux Etats-Unis au début des années 1970, ce qui avait permis, dès le début du programme français, de prendre des mesures préventives pour traiter cette eau secondaire par des produits volatils et contrôler sa composition chimique, notamment sa teneur en sodium. Les précédents américains avaient encore suggéré d'utiliser un acier austénitique, l'inconel 600, supposé moins sensible à la corrosion. Une autre précaution pour éviter la corrosion côté secondaire était l'opération dite de «dudgeonnage» des tubes sur la plaque tubulaire, cette plaque de 50 cm d'épaisseur percée de plusieurs milliers de trous dans lesquels sont fixées les deux extrémités des tubes de générateur de vapeur. Les deux extrémités des tubes doivent être fixées sur la plaque de façon aussi étanche que possible pour que l'eau du circuit primaire ne pénètre pas dans le circuit secondaire, d'autant plus que la pression du circuit primaire est de 155 bar et celle du circuit secondaire de 56 bar. Cette fixation est réalisée par une soudure à l'extrémité du tube sur la plaque, précédée d'un placage mécanique, opération appelée «dudgeonnage», obtenue par déformation du tube. Au début, ce placage ne portait que sur une longueur limitée; par la suite, un «dudgeonnage intégral» a été réalisé, c'est-à-dire que le tube a été appliqué contre les parois de la plaque tubulaire sur toute l'épaisseur de celle-ci. Mais cette opération entraînant des contraintes mécaniques entre la partie dudgeonnée du tube et la partie libre, un dudgeonnage complémentaire a été effectué pour diminuer les contraintes. Il s'avérera en 1989 que malgré les mesures de dudgeonnage complémentaire, des fissures apparaîtront, parfois même de façon importante.