Les premiers rééducateurs et la première structure

Le 15 février 1961, l’Education Nationale met en place les premiers stages pour les Rééducateurs en Psycho‑Pédagogie (R.P.P.) Le modèle du R.P.P. sera puisé dans celui de l'orthophoniste : l'action est fonctionnelle, il s'agit de travailler sur les dysfonctionnements, d’où l’apparition du préfixe « dys » devant tous les problèmes rencontrés (dysorthographie, dyslexies, dyscalculie, etc). En octobre 1961, il est précisé que les I.E.N. de circonscription peuvent être aidés par les I.E.N. spécialisés (à l’époque Inspecteurs chargés de l’enfance inadaptée). Au même moment, le Ministère de la Santé installe la psychiatrie de secteur afin de rapprocher les services de soins des populations en souffrance. Le souci est identique chez les deux ministères : construire un maillage des aides au plus proche des populations. Ceci sous-entend que la proximité est un gage de performance d’un service s’il est suffisamment équipé ! La circulaire du 16.04.1964 – Annexe XXII – du Ministère de la Santé précise que les C.M.P.P. participent à la prévention. Cette même année, l’Education Nationale met en place les premiers stages pour les Rééducateurs en Psycho‑Motricité (R.P.M.).

En 1965, l’Education Nationale édicte la circulaire du 21.09.1965 n° 65-348 appliquant les préconisations inscrites dans le rapport d’enquête BLOCH-LAINE afin d’assurer la scolarisation des enfants inadaptés dans des conditions proches des conditions normales.

Il fallut attendre 1970 et la circulaire du 9.02.1970 pour que l’Education Nationale reprenne les premières expériences de collaboration entre professionnels des publics en difficulté en créant des G.A.P.P. : Groupes d'Aide Psycho‑Pédagogique. Le G.A.P.P. est confondu avec la prévention (référence à la conception minimaliste). Les espoirs sont grands non sans laisser place à des interrogations dès l’origine :

‘« La mise au point d’un système de dépistage préscolaire (dans le cadre de la Protection maternelle et infantile, Ministère de la Santé publique), la création des groupes d’aide psycho-pédagogique (dans la cadre des institutions de l’Education Nationale) ‑ mais quelles seront les modalités de leur intervention ‑ devraient permettre d’alerter précocement l’école sur les difficultés de certains enfants et, en leur fournissant très tôt l’aide nécessaire, d’éviter la persistance d’un certain nombre d’échecs et d’inadaptation. » 57

Le secteur d’activité regroupe un ou plusieurs groupes scolaires. Les classes d’adaptation sont intégrées au texte de la circulaire (certains élèves seraient appelés actuellement handicapés et non inadaptés). Les G.A.P.P. sont les « héritiers » des C.M.P.P. dans l'Education Nationale. Ils sont considérés comme des structures de l'Education Spécialisée. Cette création rassemble les psychologues scolaires et les rééducateurs dans une structure unique alors qu’auparavant ils fonctionnaient d’une manière autonome étant seulement rattachés d’une manière administrative à l’I.E.N. voire regroupés sous la forme expérimentale d’un Groupe d’Adaptation Scolaire (G.A.S.). Le Ministère de la Santé promulgue la loi hospitalière du 31.12.1970 confirmant la perspective de sectorisation de la psychiatrie. Les C.M.P.P. disposent de l'objectif de dépister et prévenir. Cette double mission reprend celle des G.A.P.P.

En 1976, l’Education Nationale précise les missions des G.A.P.P. dans la circulaire du 25 mai 1976 n°76-197. C'est la période charnière où la philosophie de la prise en charge change de valeur : basculement dans la seconde conception, du minimalisme au maximalisme. Le G.A.P.P. n'est plus l'emblème de la prévention. Il est une institution pédagogique spécialisée insérée dans une école ordinaire. Le texte ne s’intéresse plus aux classes d’adaptation comme cela était le cas de celui de 1970. Une innovation importante voit le jour : une aide est possible envers les maîtres. La réflexion systémique pointe. Il est précisé que le secteur est de mille élèves. Le G.A.P.P. est bien une structure.

Notes
57.

VIAL (Monique), PLAISANCE (Eric) et BEAUVAIS (Jacques), "introduction," Les mauvais élèves, 2ème éd., Paris, PUF, 1973, p 14.