Le temps des critiques, des mutations et de l’apaisement

En 1987, le rapport de Jean Louis DUCOING (Cf. plus loin) appelle une transformation des G.A.P.P. Cet appel sera entendu et les R.A.S.E.D. naîtront. Les circulaires des 9.04.1990 et 10.04.1990 précisent la mutation des G.A.P.P. en Réseaux d'Aides Spécialisées (un réseau remplace une structure) et celle des missions de chacun des membres. Le changement de conception est opéré, la prévention est l'affaire de tout le système éducatif , le réseau se situe à une étape de la prévention, il n'est plus l'institution de la prévention, il est au service de tous les élèves. Le rapport d’Alain MINGAT critique radicalement le fonctionnement des G.A.P.P. Les recommandations de l’Inspection Générale de l'Education Nationale demandent un changement de définition des actions et une clarification des rôles des membres des G.A.P.P. En octobre 1995, un rapport d’enquête de l’Inspection Générale s’intéresse aux Classes d’Intégration Scolaire (C.L.I.S.) non sans évoqué le travail des R.A.S.E.D.

En 1996, le rapport de l’enquête de l’Inspection Générale sur les R.A.S.E.D. (dit rapport GOSSOT), à la demande de la Direction des écoles, conclut en proposant une clarification des missions des rééducateurs pour les rapprocher d’objectifs davantage pédagogiques. Si l’existence des R.A.S.E.D. n’est pas mise en cause, une redéfinition est souhaitée : le doute persistera s’il s’agit d’un mouvement inhérent à ce dispositif ou d’un changement de politique de la prévention ? Enfin, le 5 mai 2000, une circulaire englobant toutes les aides aux élèves en difficulté et handicapés confirme les missions et les rôles des R.A.S.E.D.

Représentées sous forme de frise temporelle, les décisions montrent la fréquence et l’ampleur des changements.

Nous remarquons que la prévention des difficultés scolaires a, dans un premier temps, été conçue comme déléguée à la psychologie. L’influence d’Alfred BINET a dû contribuer à cette valorisation du psychologique sur le pédagogique. Tous les professionnels n’étaient pas insérés dans une structure rigide et s’organisaient assez librement tout en rendant des comptes à l’Inspecteur de circonscription. Ils œuvraient soit dans des Services d’Adaptation Scolaire (S.A.S.) soit dans des Groupes d’Adaptation scolaire (G.A.S.) soit à la discrétion des demandes formulées par les enseignants ou les Inspecteurs  58 . Les aides apportées sont avant tout fonctionnelles et réparatrices. La difficulté était chez l’enfant. Les premiers rééducateurs mettaient en place des réadaptations. Leurs actions poursuivent, d’une autre manière, le travail engagé par les instituteurs spécialisés des classes spéciales créées par la loi du 15 Avril 1909 pour les enfants nommés « arriérés ». L’orientation des élèves était confiée en très grande partie au Q.I. Ce n’est qu’à partir du 12 Août 1964 que les normes d’orientation imposèrent le Q.I. Auparavant, ces classes étaient purement et simplement les classes de la relégation.

Il fallut voir apparaître les premiers R.P.M. pour que le corps – c’est-à-dire l’affectivité – des élèves en difficulté soit présent dans les modalités de prise en charge organisées par l’école. Cette apparition, aussi pertinente soit-elle, n’est pas innocente : elle permet de concurrencer le Ministère de la Santé et répond aux recommandations du rapporteur BLOCH-LAINE. La fonction rééducative se trouve partagée en deux grands domaines : le pédagogique (c’est-à-dire, pour l’institution, le cognitif) et le moteur (c’est-à-dire l’affectif); cette dichotomie sera encore présente dans la circulaire du 9 Avril 1990 lors de la définition des objectifs des prises en charge des rééducateurs maître G et des maîtres E sous une forme développée puisque le cognitif est scindé en psychologique et en pédagogique.

La circulaire du 9 février 1970 marqua un tournant. L’école affirma sans ambiguïté que les difficultés scolaires relèvent de l’action de l’école. Les enseignants spécialisés (actuellement maîtres spécialisés C.A.P.S.A.I.S. E et G ex C.A.E.I.) et psychologues scolaires sont réunis dans une structure qui sera critiquée par la suite pour son rapprochement du modèle sanitaire. Il reste que ce regroupement permet une réponse globale et différenciée à la difficulté scolaire.

La circulaire du 9 avril 1990 modifia la réponse institutionnelle en favorisant l’approche systémique et la démarche de réseau afin d’apporter une aide autant aux élèves qu’aux acteurs éducatifs.

Notes
58.

ZIMMERMANN (Daniel), La rééducation pour quoi faire ?, E.S.F, 1973.