Une charte professionnelle pour une reconnaissance.

Un texte collectif 761 montre un professionnel au service de l'enfant dans le cadre établi par le contrat rééducatif. Il est présenté comme un médiateur (interlocuteur, à l'écoute, envisage une autre aide) entre plusieurs instances en faisant appel à des média (culture, famille, contrat rééducatif, parents, enseignants). Il n'est pas précisé les techniques ou outils utilisés sauf qu'il est précisé qu'il est responsable de son choix.

L’aspiration à promouvoir une charte signale une vocation militante et corporative lorsqu'il est précisé que la spécificité est à défendre et qu'il faut savoir refuser de travailler dans des conditions négatives pour sa profession. Le texte proposé dans l’article dessine un professionnel de type libéral ‑ son cadre de travail n'est rappelé que par allusion, cadre de travail et instances hiérarchiques ‑ qui est engagé par ses choix. Les mots école ou scolaire ne sont pas présents. Un lecteur ignorant pourrait croire que le rééducateur choisit ses lieux d'exercice. Il n'est pas mentionné qu'il est un enseignant statutairement fonctionnaire dépendant d’une hiérarchie. Tout laisse croire qu'il est un personnel qui négocie avec qui bon lui semble ses actions comme un professionnel libéral. Aucune allusion n'est faite à sa rémunération. Il n'est pas possible de le situer dans l'environnement éducatif ‑ qui le consulte ? Le texte révèle un rapport défensif comme s'il était agressé puisqu'il lui faut « défendre la spécificité de sa profession ». Dominique LUCIANI confirme cette position défensive en raison des attaques engagées par les Inspecteurs Généraux et ayant ouvert des dérives administratives chez certains I.E.N. : « Deux rapports de l’Inspection Générale ont beaucoup contribué à renforcer ces opinions négatives et à déstabiliser les personnels qui se sont sentis niés dans leurs compétences professionnelles. » 762

Le texte de la charte est éloigné de la réalité et décrit un professionnel en apesanteur sociale, vivant pour et de ses rapports avec l'enfant. Le fait de rédiger et proposer une charte éthique signale une aspiration à la reconnaissance professionnelle de type libéral. Une charte est un des indicateurs d'une profession qui aspire à la liberté et à la responsabilité de ses actes. L'absence de rapport à la rémunération nuit à la crédibilité du contenu. Elle prend position face aux changements prévus par les textes de 1990 qui rappellent l'inscription scolaire du rééducateur tant dans le lieu d'exercice que par son origine professionnelle.

Notes
761.

FNAREN, "Ethique des rééducateurs de l'éducation Nationale" Envie d’école n°5 (1996)

762.

LUCIANI (Dominique), "Ethique et fonctionnement du RASED," Envie d'école n°30 (mars-avril 2002): p 25.