Josiane MAUVILLAIN 763 , reproche la publication d’un rapport d'inspection anonymé. La F.N.A.R.E.N. est accusée de non assistance à rééducateur en danger. Un aveu est délibérément annoncé:
‘« Il est toujours agréable de se sentir compris et reconnu, et pour nous, rééducateurs, c'est loin d'être monnaie courante. Lorsque la reconnaissance vient de l'un de nos supérieurs hiérarchiques, la tentation est encore plus forte, mais pas à n'importe quel prix, et surtout pas par la destruction même symbolique de l'un d'entre nous. »’Le thème de la reconnaissance est repris ici ; ce qui est cohérent dans une revue professionnelle qui a peu ou prou cette fonction de promotion d’un métier. Ce billet d’humeur s’élève sur le prix à payer de la reconnaissance et s’insurge contre les critiques à l’encontre de l’un d’entre eux. La population des rééducateurs est présentée comme un corps uni où une attaque de l’un reviendrait à s’en prendre à l’ensemble. La connotation fusionnelle est évidente. Elle renvoie à l’idée que la profession se vit comme persécutée en permanence, sur des positions défensives, dans la nécessité de défendre son existence comme si elle était assiégée. Le persécuteur est désigné : l’inspection.
Deux autres articles 764 prolongent la tension entre les deux institutions : la F.N.A.R.E.N. et l'inspection. Il est reproché à la F.N.A.R.E.N. de ne pas défendre une collègue en difficulté et de s'associer à l'autre institution « l'inspection ». A l'évidence, il est attendu une protection par la fédération. Cette protection est avant tout professionnelle. Il n’est pas accepté de critiquer un membre de la corporation. Cette critique est vécue comme une trahison. De plus, il apparaît évident qu'un conflit larvé couve entre les rééducateurs et les inspecteurs. Ces derniers apparaissent comme les persécuteurs les plus proches. Pourquoi la reconnaissance d'un supérieur hiérarchique est-elle si difficile à obtenir ou perverse lorsqu'elle advient ? Sans provocation de notre part, il est possible d'avancer que ce rapport à la hiérarchie signalerait un rapport conflictuel au père 765 nommé ici « supérieur hiérarchique » - cette opposition ferait encore davantage ressortir la fonction maternelle de la fédération. Les inspecteurs ont peut-être causé ce dysfonctionnement par leur dédain ou leur oubli : profession négligée, profession agressive. Néanmoins, il n’est pas légitime de généraliser une opinion. Il transparaît une attente de reconnaissance qui n'accepterait pas un sacrifice comme celui qui est invoqué : le corps des rééducateurs doit rester entier. De plus, la publication d'un rapport d'inspection anonymé n'est pas un délit si les conditions d'anonymat sont exemptes de critique. Au contraire, ce support est un excellent objet de médiation et de transaction. Nous croyons déceler une atteinte au secret des rapports qui lieraient les rééducateurs et les inspecteurs. Leur conflit doit rester en coulisse et ne pas aborder la place publique, même si la scène n’est que celle d'une revue professionnelle. Ce goût du secret n’est pas sain s’il n’est pas justifié par une exigence fonctionnelle ; il s’apparenterait à une aspiration à l’impunité.
MAUVILLAIN (Josiane), "Billet d’humeur," Envie d’école n°1, op.cit.
Envie d’école n°1, op.cit.
CROUZIER (Marie Françoise), op. cit., p 142.