Le ni-ni

La première qui est apparue est celle du « ni-ni ». La rééducation n’est ni de la pédagogie ni de la thérapie. Le rééducateur oscillerait entre les deux continents, heureux et malheureux à la fois : ni pédagogue – aucun contenu à transmettre – ni thérapeute – aucune mission, aucune légitimité, aucune pertinence à soigner. S’il profite de cette distance, qu’il instaure par nécessité, il n’évite pas l’isolement voire le reniement qu’il suscite : le pédagogue lui reprochera son travail sans contenu scolaire (qu’a-t-il à leur apprendre qui ne soit scolaire ?) et le thérapeute lui critiquera son installation au sein de l’école (comment aider dans le lieu où l’on souffre ?). Ce mouvement de détachement rend compte de l’impérieuse volonté d’acquérir une identité propre au risque d’être seul, attaqué, renié, repoussé, oublié. En contrepartie, cela lui garantit, ou crée l’illusion, d’être unique, singulier, spécifique. Il est des rééducateurs qui entonnent ce chant de l’entre‑deux solitaire et tout compte fait de l’entre‑deux vide. Car, après cette affirmation d’indépendance, les mots manquent pour décrire et combler. L’interlocuteur pressé quitte le rééducateur soit en plein désarroi soit conforté dans son idée première que le rééducateur et sa rééducation ne sont qu’une illusion et à vouloir aider tout le monde, il n’aide personne ! Cette démarche du « ni-ni » n’est pas valorisante et juste pour le rééducateur. Il existe bien réellement et ce qu’il fait n’est ni une reprise (rééducation) ni une copie (aide et soutien). Il est autre et original tant dans l’institution scolaire qu’à l’extérieur comme nous l’avons montré précédemment.