2.2.3. Domaine de validité

Les modèles développés par Minstrell (1992) et Balacheff (1999) offrent l'avantage de considérer qu'un individu possède un ensemble de connaissances (que Balacheff nomme ‘«’ ‘conceptions’» et que Minstrell appelle «‘facettes’ ‘»’ ‘)’ pouvant êtres contradictoires entre elles ou non et dont chacune possède un domaine de validité. Ces modèles permettent d'envisager chez un même individu des connaissances cohérentes entre elles ou non et de déterminer la stabilité d'une connaissance par rapport à son domaine de validité (plus le domaine de validité est grand et plus la connaissance sera stable).

Ainsi, les théories des enfants de Vosniadou peuvent êtres décrites par des connaissances ayant un très large domaine de validité. Par exemple, le domaine de validité du modèle mental considérant que la ‘«’ ‘Terre est plate’» concerne toutes les situations où le sol est plat, c'est-à-dire presque toutes les situations que nous rencontrons dans le quotidien. De même, le modèle de ‘«’ ‘force interne’» sera appliqué dans toutes les situations faisant intervenir des objets ayant un poids, ce qui là encore englobe un très grand nombre de situations. La grande résistance au changement de ces connaissances peut être expliquée à l'aide de la notion ‘«’ ‘d'évolution situationnelle’» exposée ci-dessus. En effet, pour passer du modèle de la «‘Terre est plate’ ‘»’ au modèle de la ‘«’ ‘Terre est sphérique’» il faut que pour chacune des situations où ces deux modèles sont en concurrence, l'élève arrive à utiliser le modèle de la ‘«’ ‘Terre est sphérique’» au lieu de celui de la ‘«’ ‘Terre est plate’».

De même, les p-prims des étudiants de diSessa peuvent être envisagées comme des connaissances contradictoires sur certaines situations et non-contradictoires sur d'autres. Par exemple la p-prim ‘«’ ‘gravité’» et la p-prim«‘équilibre’ ‘»’ peuvent s'appliquer à l'ensemble des situations où les objets sont immobiles.

Nous pensons que les modèles mentaux de Vosniadou ou les p-prims de diSessa peuvent être très pertinent pour décrire certaines connaissances. Cependant, nous considérons que pour notre étude, le fait d'attribuer un domaine de validité à une connaissance est la solution la plus pertinente pour étudier l'évolution des élèves. De plus, il permet de rendre compte du fonctionnement des élèves sans préjuger de la cohérence ou de la non-cohérence de leurs connaissances. Ce qui est important puisque, à l'heure actuelle, il n'existe pas à notre connaissance de travaux sur le sujet permettant de trancher.