3.3.1. La notion de milieu

Lorsque l'élève est en classe, c'est-à-dire dans une situation d'enseignement, il se retrouve placé dans un environnement, dont le but est de lui faire apprendre de nouvelles connaissances. La description de cet environnement peut être faite à travers la notion de milieu.

Milieu antagoniste ou allié ?

Dans la théorie des situations, Brousseau se base sur les travaux de Piaget où : ‘«’ ‘l'élève apprend en s'adaptant à un milieu qui est facteur de contradictions, de difficultés, de déséquilibres, un peu comme le fait la société humaine. Ce savoir, fruit de l'adaptation de l'élève, se manifeste par des réponses nouvelles qui sont la preuve de l'apprentissage’» (Brousseau 1986, p.48 - 49). Cependant, il précisera qu'un ‘«’ ‘milieu sans intentions didactiques est manifestement insuffisant à induire chez l'élève toutes les connaissances culturelles que l'on souhaite qu'il acquière’» (Brousseau 1986, p.49). C'est pourquoi, l'enseignant doit provoquer chez l'élève les adaptations souhaitées par un choix judicieux des problèmes qu'il lui propose. Ainsi l'élève est face à un milieu qui par ces rétroactions va permettre la construction de la nouvelle connaissance visée (figure 1.16).

Figure 1.16 : L'élève apprend en s'adaptant à un milieu défini comme un système antagoniste.
Figure 1.16 : L'élève apprend en s'adaptant à un milieu défini comme un système antagoniste.

Ce milieu est défini comme un système antagoniste à l'élève (Brousseau 1986, p. 89), la construction d'une nouvelle connaissance se fait ‘«’ ‘contre’» le milieu, qui sanctionne les choix inadaptés de l'élève.

Cependant, en partant d'une réflexion sur l'articulation des cadres théoriques à propos du concept de milieu, Perrin-Glorian (1999, p. 299) montre qu'il est possible d'envisager la notion de milieu à partir d'une approche anthropologique (Chevallard, 1991). Elle cite notamment les travaux de Julien & Tonnelle (1999) ainsi que ceux d'Artaud (1999) où le milieu est considéré comme ‘«’ ‘allié’» plutôt qu'antagoniste à l'élève. Cependant, comme nous l'avons déjà signalé la théorie anthropologique évite toute référence à une théorie de l'apprentissage. C'est pourquoi, nous proposons d'utiliser une notion de milieu qui serait intermédiaire entre le point de vue de Brousseau et celui de la théorie anthropologique. Pour nous, le milieu est composé d'éléments avec lesquels l'élève va interagir pour construire de nouvelles connaissances, c'est-à-dire que l'élève apprend en interagissant avec les éléments du milieu.