3.3.2. Description de l'action du gaz lorsque l'on le chauffe

Les gaz ont la propriété de se dilater lorsque l'on les chauffe, c'est-à-dire que leur volume augmente. De plus, cette augmentation de volume est proportionnelle à la température. Les situations de chauffage semblent être plus difficiles à appréhender que les autres pour les élèves (Méheut 1996). De plus, il semble qu'une partie des élèves interprète les phénomènes de dilatation soit en expliquant que l'air chaud monte, soit en expliquant qu'une transformation fait apparaître un nouveau gaz (Séré 1985). Nous avons testé la manière dont les élèves interprètent le phénomène de dilatation dans deux situations. Voici, l'énoncé de la première situation (le numéro avant l'énoncé correspond au numéro de la question dans le questionnaire) :

Le phénomène de dilatation de l'air peut être expliqué du point du savoir à enseigner pour deux niveau :

Voici quelques exemples d'explications d'élèves que nous avons regroupées par catégorie :

Nous présentons l'évolution des explications des élèves à travers ces catégories (figure 5.20).

Ce graphique montre qu'avant l'enseignement, la plupart des explications sont du type l'air chaud monte (32 %) ou du type il y a une apparition de gaz (28 %). L'utilisation de ‘«’ ‘l'air chaud monte’ ‘»’ par les élèves illustre parfaitement l'exemple d'une connaissance quotidienne utilisée hors de son domaine de validité. En effet, cette connaissance fonctionne très bien pour interpréter les phénomènes se déroulant à l'air libre, elle est d'ailleurs couramment utilisée par la météo (où le front d'air chaud passe au-dessus de l'air froid), cependant elle devient inadaptée lorsque l'on enferme du gaz dans une enceinte. De même, l'utilisation de l'apparition d'un gaz par les élèves peut être interprétée par le besoin d'augmenter la quantité de gaz pour qu'il puisse agir. Dans de nombreuses situations quotidiennes, notamment lorsque l'on gonfle un ballon de baudruche ou un pneu de vélo, on augmente la quantité de gaz, et donc le volume des objets augmente. Il semble possible que les élèves utilisent un raisonnement analogue, c'est-à-dire que pour que le ballon se gonfle, il faut que la quantité de gaz augmente, pour cela il y a un gaz qui apparaît. Après l'enseignement, il apparaît que ces deux types d'explications diminuent (d'environ 10 % pour l'air chaud monte et 20 % pour l'apparition du gaz) et que les explications décrivant la dilatation de l'air augmentent d'environ 17 %. Cependant, l'air se dilate et l'air chaud monte, se trouvent au même niveau (environ 20 %) après l'enseignement. De plus, très peu d'explications utilisent la pression (environ 5 %) ou l'agitation des molécules (environ 10 %), et cela bien que ces deux concepts ont été traités durant la séquence d'enseignement sur les gaz. Il est intéressant de remarquer que les explications dans lesquelles les molécules s'écartent les unes des autres, bien que très peu nombreuses (environ 2 % avant l'enseignement), augmentent après l'enseignement jusqu'à 6 %. Ce type de raisonnement revient à affecter aux molécules la propriété macroscopique de l'air de prendre plus de place. Ceci permet d'expliquer le fait que le ballon se gonfle. La catégorie ‘«’ ‘la chaleur agit’» témoigne qu'un tout petit nombre d'élèves utilise l'action de la chaleur plutôt que celle de l'air pour expliquer le fait que le ballon se gonfle.

Nous avons proposé une seconde situation, dont voici l'énoncé :

Les réponses attendues du point de vue du savoir à enseigner sont que la balle sans trou retrouve sa forme initiale et la balle trouée reste cabossée car l'air va s'échapper par le trou. Les catégories d'explications sont les mêmes que celles qui sont énoncées pour la situation précédente.

Voici, les réponses données par les élèves sur le fait que les balles retrouvent ou non leurs formes initiales (figure 5.21)

Le graphique (figure 5.21) montre qu'un nombre important (environ 20 %) d'élèves ne réponde pas à cette question, ce qui peut s'expliquer par le fait que cette situation est peu familière, voire inconnue pour eux. En revanche, plus de 50 % des élèves prévoient correctement la modification de la forme des balles de ping-pong.

Parmi les réponses soutenant que la balle trouée retrouve sa forme normale (de l'ordre de 20 %) et que la balle sans trou restera cabossée, on trouve un petit nombre d'explications utilisant le fait que quelque chose va rentrer dans la balle pour agir et lui redonner sa forme normale. Ce quelque chose peut être du gaz, de l'air ou de l'eau chaude. Ce type d'explications utilise le raisonnement causal ‘«’ ‘plus-plus’» (diSessa 1987) entre la quantité et l'action du gaz, c'est-à-dire que plus la quantité de gaz augmente (cause), plus son action sur les parois sera importante (effet).

Le graphique (figure 5.22) présente le type d'explications fournies par les élèves justifiant que la balle de ping-pong sans trou retrouve sa forme normale (soit environ 55 % des élèves avant enseignement).

La figure 5.22 montre que cette situation, contrairement à celle du ballon de baudruche posé sur une bouteille en fer, mobilise très peu les explications utilisant ‘«’ ‘l'air chaud monte’» ou celles employant ‘«’ ‘l'apparition de gaz’». On trouve, plutôt des explications utilisant ‘«’ ‘la dilatation de l'air’», le fait que ‘«’ ‘la chaleur agit’» ou ‘«’ ‘qu'ils ont déjà fait l'expérience’». Après l'enseignement, on constate une augmentation concernant essentiellement les explications du type ‘«’ ‘l'air se dilate’». On trouve aussi une légère augmentation des explications utilisant ‘«’ ‘la pression’» et ‘«’ ‘l'agitation des molécules’». Cependant, cette augmentation est trop faible pour être significative.

En conclusion, il apparaît qu'avant l'enseignement la majorité des explications des élèves sont de type ‘«’ ‘l'air chaud monte’» ou ‘«’ ‘apparition de gaz’» pour la situation du ballon de baudruche posé sur une bouteille en fer. Pour la situation des balles de ping-pong, on trouve essentiellement des explications du type ‘«’ ‘l'air se dilate’», ‘«’ ‘la chaleur agit’» ou ‘«’ ‘les élèves ont déjà fait l'expérience’». Après l'enseignement, on constate principalement une augmentation des explications du type ‘«’ ‘l'air se dilate’», on trouve une augmentation des explications utilisant ‘«’ ‘la pression’» et ‘«’ ‘l'agitation des molécules’», cependant elle est trop faible pour pouvoir être considérée comme significative.