Esperanza

A la suite des difficultés rencontrées auprès de la communauté yaqui, j’ai décidé de changer de procédé de prise de contact pour prendre une initiative personnelle de façon à me trouver seul avec un ou plusieurs membres de la communauté yaqui. Cette démarche incluait fatalement la participation d’un médiateur, c’est-à-dire quelqu’un qui soit prêt à me laisser intervenir auprès de l’un de ses informateurs sans que lui-même participe à l’entretien. J’ai appelé cette modalité d’interaction le « médiateur déplacé ».

Le « médiateur déplacé », en l’occurrence, s’est présenté sous les traits d’une étudiante de l’Université du Sonora, Dolores Sosa, qui faisait une enquête de terrain sur l’artisanat yaqui auprès des femmes qui vivent dans la localité de Loma de Guamuchil, rattachée à la municipalité de Cajeme. Le « médiateur déplacé », possédait un avantage important car sa tante vit à Esperanza, qui est une localité sous la juridiction de la ville d’Obregón et où réside une population nombreuse de Yaqui.

Deux semaines après, le « médiateur déplacé » m’a informé que le Maejto don Lucas ne voyait pas d’inconvénient à ce que je lui rende visite. Don Lucas n’avait pas fixé un jour particulier mais avait simplement précisé que le matin il était beaucoup plus disponible.

Avec des indications précises pour aller jusqu’à chez lui, j’ai pris le premier bus en partance pour Obregón. Je devais seulement signaler au chauffeur du bus qu’il devait faire halte à Esperanza ; il n’y avait pas d’arrêt officiel à Esperanza, mais au Mexique les gens font toujours preuve de bonne volonté.