Les contes de l’infini

Les trois mythes que nous allons aborder ici, c’est-à-dire Baa Yooi 1209 , Yoobwa 1210 et la Légende yaqui des prédictions 1211 , nous situent dans cet univers de l’entre-deux, c’est-à-dire celui des formes enchantées comme appréhension du monde autre.

Les Yo’emem, pour le professeur Sandomingo, depuis les temps les plus anciens, ont entretenu une relation très privilégiée avec leur environnement où les animaux, les insectes, les plantes, les montagnes, les rivières, les astres, etc. étaient sources d’inspira­tion. Le poète yaqui, surtout à l’époque préhispanique, était « toujours créateur et rarement imitateur » 1212 , à l’écoute des merveilles du monde et des sons magiques de la nature. Le poète devient maître du temps et perçoit dans toutes les choses vivantes la manifestation de l’esprit ; il est le saurino , ce visionnaire entrant dans le « rêve éveillé » où il parvient à se libérer de l’emprise du temps, pour faire éclore son seataka.

Le conte de Baa Yooi est une ouverture vers cet autre côté du monde, toujours enchanté, du « ensueño » dont il faut se méfier, car celui qui se laisse submerger par la peur, se perd à tout jamais dans les sphères de l’irréel.

Les Yaqui, par la notion de la valeur axiologique, signifient le comportement à adopter face aux phénomènes magiques du monde qui les entoure.

Notes
1209.

Santos García Wikit, Leyendas yaquis, INAH, SEP, Biblioteca del Centro Regional del Noroeste, Hermosillo.

1210.

Ibidem.

1211.

Ibidem.

1212.

Manuel Sandomingo, Historia de Sonora . Tiempos prehistóricos, op. cit., p. 346.