Le nombril du monde

Itzpapálotl, l’emblème des Atlantes, représente le guerrier primordial, celui qui fait face et qui est au centre 1684 , un guerrier-femme qui prend une dimension encore plus impressionnante sous les traits de Quilaztli puisqu’elle est, par ses invocations « une et quintuple ». Quilaztli 1685 , devient le centre de quatre dénominations car elle se transforme en :

Cohuacíhuatl, « femme Serpent ».

Cuauhcíhuatl, « femme Aigle ».

Yaocíhuatl, « femme Guerrière ».

Tzitzimicíhuatl, « femme de l’Enfer ».

Quilaztli est la grande Sorcière qui domine l’art de la métamorphose, du nahualisme, qui se transforme et défie les deux valeureux capitaines azteca Mixcóatl et Xiuhnel, di­vinité que Gutierre Tibón reconnaît également dans la Lune transformée en Soleil 1686 , stra­tagème que la sorcière déploie, par son art de la métamorphose, pour devenir un aigle, le nahual de l’astre solaire 1687 . Cihuacóatl/Quilaztli 1688 définit le binôme par lequel est identifié la femme morte en couches qui devient alors une femme guerrière dont le courage est encensé par les paroles de la prêtresse qui avant l’accouchement prononce les paroles suivantes : « Ma fille très aimée, sache que tu es une femme forte, sois courageuse, et agit comme une femme virile ; agit comme le fit la déesse qui accoucha la première qui s’appelle Cihuacóatl, et Quilaztli,… » 1689 .

La citation renvoie à la notion du guerrier-femme qui révèle paradoxalement « l’aspect masculin et viril » de la femme qui donne la vie.

La prêtresse accoucheuse poursuit : « Ma fille très aimée, femme courageuse et vaillante, vous avez agi comme l’aigle et le tigre, courageusement vous avez fait usage lors de votre bataille de la rondache, vaillamment vous avez imité votre mère Cihuacóatl et Quilaztli, et c’est pour cela que notre seigneur vous a placée sur les estrades et les chaises des valeureux soldats » 1690 .

Immédiatement, nous reconnaissons une allusion directe à l’Ordre initiatiques des Chevaliers Aigles et des Chevaliers Tigres, mais aussi au bouclier, le chimalli, que le guerrier-tolteca porte devant lui et que nous trouvons entre les mains de Quetzalcóatl et de Tezcatlipoca.

Enfin, si la femme qui accouche meurt, la prêtresse accoucheuse exprime un sentiment d’adoration envers la nouvelle divinité qui se traduit en ces termes : « Ô femme forte et belliqueuse, ma fille très aimée ! Femme vaillante, belle et tendre colombe, vénérable maîtresse, vous avez lutté et travaillé courageusement, vous avez vaincu, vous avez agi comme votre mère Cihuacóatl ou Quilaztli ; vous avez vaillamment combattu, vous vous êtes servi de la rondache et de l’épée avec vaillance et ténacité, que votre mère la Dame Cihuacóatl Quilaztli avait remises entre vos mains » 1691 .

Après ce combat rude et âpre, la valeureuse guerrière devient la compagne de sa mère, la « Princesse et guerrière Cihuacóatl-Quilaztli » 1692 , mais également une Mocihuaquetzque qui désormais doit accompagner le Soleil du zénith au ponant. Gutierre Tibón nous informe, à partir des réflexions de Sahagún, que les Cihuapipiltin 1693 ou Cihuateteo, c’est-à-dire les Mocihuaquetzque, adoptent également la figure en quinconce, représentée pour chacune d’entre elles sur le Codex Borgia 1694 . Nous voyons la seconde identifiée au signe calendaire Ce mázatl, « Un cerf », et peinte avec des bandes blanches et rouges caractéristiques des hommes-étoiles. Elles portent toutes un anneau en forme de demi-lune offrant un aspect sombre et macabre avec leur œil exorbité. Toujours à propos de ce rapport quintuple, les cinq Tlazoltéotl, « Déesses de l’amour », participent d’une manière identique au référent du « un plus quatre » ; Tlazoltéotl est une divinité dont le deuxième nom est Ixcuina 1695 qui a quatre sœurs dont les noms sont, dans l’ordre d’appa­rition, Tiacapan, Teicu, Tlaco et la dernière Xucótzin 1696 . Ces divinités sont en relation directe avec la Lune et avec la naissance, fréquemment représentées en train d’accou­cher.

Le dessin (Fig. 62) illustre le rapport du centre soumis aux influences des quatre orients, avec les 20 glyphes du tonalli répartis par nombre de cinq autour des corps des Cihuateteo ; par exemple, par l’Est (secteur supérieur gauche) arrivent les forces des cinq signes qui gouvernent cet orient et qui sont le crocodile, le serpent, l’eau, le roseau et le mouvement.

Partie 3 - fig. 62. Les quatre orients. Codex Borgia
Partie 3 - fig. 62. Les quatre orients. Codex Borgia

Source: Cuerpo humano e ideología, tomo 1, Alfredo López Austin.

Le dessin (Fig. 63) est un agrandissement d’une partie du quart inférieur gauche qui permet d’apprécier la répartition des cinq glyphes autour de la divinité, mais également sa position au centre de la croix.

Partie 3 - fig. 63. Tlazoltéotl.
Partie 3 - fig. 63. Tlazoltéotl.

Source : Diccionario de mitología y religión de Mesoamérica, Yolotl González Torres.

Tlazoltéotl porte sur le nez le fameux yacametztli, « nez de la lune », un insigne qui l’identifie aux divinités terrestres/lunaires, ornement caractéristique des Centzon Totochin, les « Quatre cent Lapins », mais dans ce sens du « un » qui se dédouble constamment pour devenir multiple. D’ailleurs, Ometochtli, « Deux lapin », est le dieu principal qui prend, dans ses dédoublements, les dénominations de Tezcatzóncatl 1697 , de Toltécatl, de Tepoztécatl, de Pantécatl, « Dieu du Pulque », etc. ; notre intérêt se porte alors sur leurs visages peints en rouge et noir, couleurs de la connaissance mais aussi de la parure de Tlazoltéotl au moment de l’accouchement, cette dernière tient alors entre ses mains le bouclier et les dards, les plumes d’aigles, pour symboliser la déesse de la guerre 1698 .

A nouveau, le caractère guerrier des divinités féminines manifeste sa récurrence pour définir l’aspect belliqueux et la place qu’elles occupent au centre, dans ce rapport de prédominance, signale l’axe d’imprégnation des forces cosmiques. La Lune sur cet axe, par sa révolution synodique des quatre phases lunaires, participe également du retour au point médian qui signale la cinquième région de l’univers, c’est-à-dire le « centre, la direction haut-bas, le nombril » 1699 , et dans ce cas le Mexicco, le « nombril de la lune ». Tlazoltéotl, divinité du point médian terrestre/lunaire, mais seulement en cet instant où elle exerce sa prédominance, entourée par Teteoinnan, Tonantzin, Ixcuinan et Toci, reçoit la confluence des trois niveaux de l’univers ; trois niveaux qui provoquent alors « l’omeyotisation » de la guerrière (au centre) sous le terme de Tlalxicco, nombril du monde indiquant le « lieu métaphysique où demeurent les puissances spirituelles, celles qui ne meurent jamais : dieux et défunts » 1700 . Le nombril est l’axe de la cinquième direction de l’univers qui signale le point de convergence à partir duquel le nombril de l’univers opère la rencontre entre le Mictlan (l’inframonde), le Tlaltecuhtli (le plan terrestre) et l’Omeyocan (le supramonde).

Le nombril par son symbolisme et sa position décrit le processus de la « mort-purifica­tion-création » dans le mouvement qui assure une « nouvelle naissance et la réintégration de la conscience » 1701 , c’est-à-dire le retour vers la conscience lumineuse ou plutôt vers la « méta-conscience ». Cet espace définit le domaine du guerrier-tolteca engagé sur la voie de l’en-dehors, du nahualisme, c’est-à-dire celui qui accomplit par sa « mort-purification-création » la métamorphose du corps. Le don de l’élévation vers le ciel de « l’essence des choses » est accessible à tous, mais pour cela, comme le guerrier-tolteca, l’individu doit reconnaître en lui l’action du quinconce synthétisant les forces contraires sur l’axe de la translation. Un acte primordial que Gutierre Tibón nomme la « réinté­gration de la conscience ». Ainsi, le nombril du monde, l’axe du retour vers l’incréé, vers l’inné, synthétise les trois phases de l’ascension vers la réincorporation de la conscience, « loi du centre » et carré cosmique révélés par Ometéotl, celui qui met au monde les quatre Tezcatlipoca 1702 . Mais Ometéotl est aussi à l’origine des orientations de la carte de l’univers, car il renvoie à Tonatiuh (lumière de la vie), à Tezcatlipoca (lumière de la nuit), à Tlaltecuhtli (centre de la terre) et à Mictlantecuhtli (lieu des ombres).

Ometéotl dévoile enfin la conception cosmogonique des trois sphères car la carte de l’Univers, à partir de l’axe central, établit le point de rencontre du céleste, du terrestre et de l’inframonde, axis mundi dont le concept « d’omeyotisation » trouve sa complète réalisation par le Tlalxicco.

Le Tlalxicco, centre de l’univers ou nombril du monde, représente la contrée souterraine des ténèbres qui reçoit la lumière de l’élévation par les flammes de Xiuhtecutli, c’est-à-dire le Tlexicco, le « Nombril de feu », et la source de la fécondité par le Mexicco, le « Nombril de la lune ». La cinquième direction ou plutôt l’axe d’union, est le point con­densateur capable de favoriser le retour vers la « réintégration de la conscience ». Les deux empreintes, ci-dessous, sont des représentations du Seigneur de la terre qui reproduisent le Tlalxicco, toujours au centre sous la forme d’un cercle ou d’un losange, et les angles du losange sont orientés selon l’inclinaison des solstices.

Partie 3 - fig. 64. Tlaltecuhtli double.
Partie 3 - fig. 64. Tlaltecuhtli double.

Source : Historia del nombre y de la fundación de México, Gutierre Tibón.

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Source : Historia del nombre y de la fundación de México, Gutierre Tibón.

La persistance du concept de la dualité divine est très bien illustrée par ces dessins car le nombril, par la superposition des trois sphères, renvoie, pour donner un dernier exemple, au rôle joué par Quetzalcóatl dans la création des « macehuales ». Quetzalcóatl descendant vers la contrée des morts, pour prendre les os des morts, se trouve face à Mictlantecuhtli/Mictlancíhuatl qui, avant d’accéder à sa requête, lui dit : « D’accord, fais sonner ma conque et parcours quatre fois mon cercle précieux » 1703 . D’après León-Portilla le « cercle précieux » n’est autre que le nombril cosmique sur lequel est étendu Ometéotl, la Dualité suprême. Quetzalcóatl par ce parcours situe le mouvement des substances divines du haut vers le bas et vice versa, sur l’axe central qui mène vers l’infini.

D’ailleurs, dans l’histoire mythico-historique de Ce Ácatl Topiltzin Quetzalcóatl, ce personnage, avant d’être nommé roi de Tula, avait conquis la ville de Xicco, « Lieu du nombril », située dans la Vallée de l’Anáhuac ; au moment où il est chassé de Tula, par le dieu magicien Tezcatlipoca 1704 il y retourne, pour réincorporer le Tlillan Tlapallan.

Xicco, selon Gutierre Tibón, est le « centre… magique par excellence, à partir duquel le roi prêtre entreprend son voyage vers le lieu où naît le soleil » 1705 , un point médian qui a la particularité d’être un lieu où les êtres humains bénéficient d’une longévité qui dure plusieurs siècles ; placés sur l’axe, les êtres humains ressentent l’influence d’Ometéotl qui par son action unit l’infra-terrestre, le terrestre et le supraterrestre. Xicco symbolise alors le nombril cosmique où Quetzalcóatl ressent la transcendance de l’élévation et son cœur métamorphosé en Quetzalpapálotl, « Papillon précieux », devient l’Étoile du matin.

Le glyphe ci-dessous, présente une coupe inversée du cordon placentaire qui, au lieu d’être donné par la cicatrice qui marque la césure avec l’origine de la vie, est représenté, par les scribes nahua, par « le côté fœtal, qui d’ailleurs se distingue de l’anneau rouge et du cercle vert avec les cinq triples volutes du bord » 1706 . Les indications chromatiques ne sont plus visibles sur le glyphe proposé. La valeur attribuée au placenta 1707 et l’amnios, dans la perception nahuatl, renvoie au pouvoir magique de « l’heure de mort », ce mo­ment où la prêtresse accoucheuse, qui sectionne le cordon ombilical, s’adresse à l’enfant pour lui dire : « Ta propre terre et ton hérédité et ton père, c’est la maison du soleil, dans le ciel,… et tu seras digne de mourir dans ce lieu et de recevoir en ce même lieu la mort fleurie » 1708 .

Partie 3 - fig. 66. Glyphe de Xicco.
Partie 3 - fig. 66. Glyphe de Xicco.

Source : Historia del nombre y de la fundación de México, Gutierre Tibón.

Ensuite, la prêtresse poursuit son exhortation : « Et ce que je coupe de ton corps, et au milieu de ton ventre, cette chose lui appartient, c’est une chose que tu dois à Tlaltecuhtli, qui est la terre, et le soleil ; et quand la guerre commencera à bouillonner, les soldats à se rassembler, nous devrons la remettre entre les mains de ceux qui sont de vaillants soldats, pour qu’il la donne à ton père et à ta mère la terre, et le soleil » 1709 .

Enfin, elle conclut par ses mots : « Ils devront l’enterrer au milieu du champ où auront lieu les batailles et cela sera la preuve que tu es offert et promis au soleil et à la terre, c’est la preuve que tu fais profession d’entrer dans ce métier de la guerre, et ton nom sera écrit sur le champ de bataille pour que ne tombe pas dans l’oubli ton nom, ni ta personne » 1710 .

Ainsi, le pouvoir magique du placenta est transmis aux guerriers qui ont pour tâche de le rendre à son origine, c’est-à-dire à la confluence des forces telluriques et célestes.

L’endroit même de la mise en terre restitue le centre, le nombril du monde où les guerriers sont en accord avec l’axe de la cinquième direction, axe qui imprime le mouvement de la communication entre le ciel et l’inframonde. Ici l’image du xictli, du « nombril », subit une inversion parce qu’elle est considérée, par les Nahua, à partir de la source de sa création, c’est-à-dire le placenta ou « pares » 1711 , comme le nomme Gutierre Tibón, et non pas à partir du nombril qui orne l’abdomen humain ; les Nahua la nomment xictehuilacachiuhyantli, « cicatrice ombilicale » 1712 , qui représente la coupure avec la Mère nourricière, Mère qui fait référence au principe de la Dualité suprême par l’éclosion du Chalchiuitl, « Pierre précieuse », en tant que substance divine octroyée par l’action pénétrante du Seigneur Quetzalcóatl. Le don du in chalchihuitl in quetzalli renvoie à l’importance accordée à la matière fœtale, le lien invisible et indestructible qui unit le nouveau-né avec sa véritable demeure comme le lui dit la prêtresse accoucheuse : « Ta propre terre, est une autre, dans un autre lieu tu es promis,… » 1713 .

La terre de l’accomplissement ultime, pour le nouveau-né devenu un vaillant guerrier, passe aussi par sa confrontation avec la mort dans la chance qui lui est donnée de choisir sa façon de mourir ; la réussite de son entreprise est alors figurée par le nombril placentaire, que lui remet la prêtresse, qu’il doit enterrer au centre du champ de bataille pour ressentir l’axe de convergence des trois plans cosmiques.

Le mot xictli, « nombril », est également présent dans un certain nombre d’autres termes comme xiccalli, la « calebasse » 1714 , cuauhxicalli, « calebasse d’aigles », le récipient sacré qui reçoit le cœur des hommes-dieux immolés pour assouvir la soif du Soleil, xicalcóatl, « serpent aquatique » qui porte sur le front un dessin semblable à celui d’une calebasse, xicalpapálotl, « papillon calebasse » qui porte, comme le serpent, ce dessin, et, pour donner un dernier exemple, temazcalxictli, « nombril du temazcal », terme qui renvoie à l’importance du Temazcalli dans la venue au monde du nouveau-né.

Les correspondances entre les termes proposés, pour compléter le cadre du « un plus quatre », ramène inexorablement vers le moment de « l’heure de mort » et, d’une certaine façon, vers « l’heure de l’infini », parce qu’ils distribuent un espace quadripartite dont le centre symbolise la convergence des quatre orients recevant (grâce aux glyphes du tonalli) l’influence du carré cosmique.

Les divinités, en tant que dédoublement d’Ometéotl et par la récurrence de leur position ou par la prédominance des unes par rapport aux autres, signalent sans relâche que le concept « d’omeyotisation » imprime sa vérité et délimite l’axe de conjonction des influences « infra-cosmiques » ; la puissance de l’émergence au monde implique le retour vers la Source de « notre origine lumineuse », vers l’anthèse de la Dualité suprême par le dépassement des trois stades qui mènent de la vie à la mort vers l’infini.

Notes
1684.

Jacqueline de Durand-Forest, en citant E. Seler, écrit que « l’arbre en fleur coupé en deux, placé au dessous de la déesse Itzpapálotl … symbolise le xochitl icacan (le lieu où sont les fleurs), c’est-à-dire le paradis de l’ouest, où habitent les divinités de la terre et du maïs , mais c’est aussi le Teocolhuacan, le lieu d’origine des Chichimèques ». Itzpapálotl se retrouve donc au centre sur une position qui indique l’origine de l’élévation cosmique que le cœur de Quetzalcóatl, métamorphosé en Quetzalpapálotl, « Pa­pillon précieux », pour devenir Vénus, symbolise à merveille.

1685.

Étymologie inconnue ; Gutierre Tibón, pour sa part, traduit Quilaztli par « Qui accroît l’herbe verte ».

1686.

Gutierre Tibón, Historia del nombre y de la fundación de México, op. cit., p. 524.

1687.

Cette histoire est en relation avec la prophétie de la découverte de Tenochtitlan.

1688.

Cihuacóatl/Quilaztli, est la divinité qui moud les os des morts pour créer la nouvelle humanité.

1689.

Sahagún, Historia General de las cosas de Nueva España, op. cit., p. 379.

1690.

Ibidem.

1691.

Ibid., p. 380.

1692.

Gutierre Tibón, Historia del nombre y de la fundación de México, op. cit., p. 527.

1693.

Cecilio Robelo, dans son ouvrage sur la mythologie nahuatl, donne une description très détaillée des pratiques rituelles au moment de l’enterrement des femmes mortes en couches. Le corps de la Cihuapipiltin est alors porté par le mari, sur ses épaules, entouré par les prêtresses et tous les autres membres du cortège qui, pour le défendre, sont armés du bouclier et de l’épée. Ainsi, désireux d’acquérir les pouvoirs des Cihuapipiltin, les Telpopochtin, les « jeunes hommes », tentent de s’emparer du corps et lui couper le doigt majeur de la main gauche et les cheveux, pour en faire les précieuses reliques qui feront d’eux des hommes vaillants et de puissants guerriers sur les champs de bataille. Le mari et les amis, après l’enterre­ment, veillent le corps pendant quatre jours pour éviter que l’on ne le vole. Les Tomamacpalitotique, les « Sorciers voleurs », constituent un danger, car ils tentent de subtiliser le corps et de lui couper le bras gauche.

1694.

Gutierre Tibón, Historia del nombre y de la fundación de México, op. cit., p. 521.

1695.

Ixcuinan ou Ixcuina, étymologie inconnue selon Cecilio Robelo.

1696.

Cecilio Robelo fait remarquer que ces quatre sœurs ainsi que certains dieux, dont Quetzalcóatl, se placent face à l’Est pour indiquer l’orient par où apparaît Nanahuatzin métamorphosé en Soleil, lors de la création du cinquième Soleil à Teotihuacan.

1697.

Gutierre Tibón traduit Tezcatzóncatl par « Celui de la maison des miroirs sur le toit » et Cecilio Robelo par « Celui à la chevelure comme un miroir ou brillante ».

1698.

Tochtli, le « Lapin », outre la divinité de l’enivrement, du maguey, du pulque, de la lune, de la fertilité, est une créature magique comparée au guerrier. Gutierre Tibón cite le chant de Macuilxóchitl et insère ce vers : « A Tezcatzonco est né le guerrier , le lapin ; créé par mon dieu ». Ceci est d’ailleurs confirmé par une photographie dans son livre, Historia del nombre y de la fundación de México, intitulée « le lapin et la guerre ». C’est une figurine en jadéite d’un lapin assis ; de son giron émerge la tête d’un guerrier Aigle appartenant à l’Ordre des Chevaliers voué au culte du soleil. De nouveau apparaît la relation ésotérique entre le soleil et la lune.

1699.

Gutierre Tibón, Historia del nombre y de la fundación de México, op. cit., p. 257.

1700.

Ibidem.

1701.

Ibid., p. 238.

1702.

Les Tezcatlipoca renvoient au principe du « un » qui se dédouble car, par leur opposition, ils signalent la prédominance alternée des quatre orientations du monde qui, par leur alternance, indiquent la cinquième direction où prend forme l’axe de convergence qui mène vers le domaine de la « méta-conscience ».

1703.

Miguel León-Portilla, La pensée aztèque, op. cit., p. 160.

1704.

Ce récit relate d’une certaine façon la défaite de l’ancienne tradition philosophique, prônée par Quetzalcóatl, devant les nouveaux conquérants, qui instaurent le culte mystico-militariste au Soleil par le sacrifice du liquide précieux.

1705.

Gutierre Tibón, Historia del nombre y de la fundación de México, op. cit., p. 335.

1706.

Ibid., p. 347.

1707.

Gutierre Tibón introduit, à partir d’un jeu de mots intraduisible en français de Nebrija (1492), « Pares de la mujer que pare », la notion du double où « pares » a le double sens en espagnol de placenta et de paires, c’est-à-dire deux unités, et « pare » du verbe « parir », celui d’accoucher. Gutierre Tibón, à propos de l’origine du terme Xicco, joue donc sur la notion du double : pour évoquer le placenta et l’amnios, il utilise un autre mot espagnol « secundinas » qui contient cette même idée de double.

1708.

Sahagún, Historia General de las cosas de Nueva España, op. cit., p. 385.

1709.

Sahagún, Historia General de las cosas de Nueva España, op. cit., p. 385.

1710.

Ibidem.

1711.

Gutierre Tibón, Historia del nombre y de la fundación de México, op. cit., p. 348.

1712.

Alfredo López Austin, Cuerpo humano e ideología, op. cit., p. 124.

1713.

Sahagún, Historia General de las cosas de Nueva España, op. cit., p. 384.

1714.

En espagnol calebasse se dit calabaza, mais en Amérique on utilise, en plus de calabaza, jícara, güira, cujete, etc. Au Nouveau Mexique vit d’ailleurs une tribu qui se nomme les Jicarillas, indiens issus du groupe Apache.