Ont-elles la possibilité de choisir une nourriture plus à leur convenance  ? Est-ce que ce n’est pas une des explications de ces longs mâchonnements et de la difficulté à avaler ?

En psychopathologie, selon l’approche médicale, le terme de restriction alimentaire et d'anorexie sont employés, mais n’impliquent pas toujours la perte de l’appétit, sans pour autant affirmer qu’il s’agit d’un refus alimentaire délibéré. Il s’agit souvent d’une réduction de la prise de nourriture, pour des causes somatiques ou psychologiques ou les deux à la fois.

Le comportement alimentaire cherche à expliquer les influences intervenant dans le processus alimentaire comme une interaction entre la personne nourrie et le soignant, leur comportement et l'environnement.

Le problème alimentaire se trouve souvent banalisé ou plus exactement relégué au second rang de ce comportement comme n’étant pas la priorité immédiate des soins de la personne.

Cette perte d’appétit ne devient que la conséquence des autres symptômes dépistés. Le bilan de l’état général de la personne est réalisé. Les soins, une médicalisation appropriée et le calcul des besoins nutritionnels, pour favoriser une reprise de poids et de son état de santé, sont administrés. Pour chaque symptôme, une réponse thérapeutique tente d’être apportée par l’ensemble de l’équipe soignante : «il est déshydraté, on pose une perfusion ; il ne respire pas bien, on le met sous oxygène»

On traite le ou les symptômes, signes d’une pathologie somatique sous-jacente comme les maladies de l’appareil digestif, du cancer, etc…

Nous aborderons ultérieurement l'état de la question entre anorexie et refus alimentaire. En effet, le terme d'anorexie est souvent employé en médecine dans le sens de perte ou de diminution de l'appétit, voire de refus de la nourriture.

Nous nous écarterons volontairement du terme d'anorexie, que nous considérons comme une pathologie médicale et psychiatrique spécifique, pour aborder le refus alimentaire et ses répercussions psychologiques chez le sujet âgé comme une question particulière et différente.

Le refus alimentaire ou du moins les troubles du comportement alimentaire peuvent être aussi en lien avec un syndrome dépressif, un état anxieux sous-jacent, que l’on préfère ignorer, car il est parfois plus aisé de médicaliser la personne que de comprendre cet état dépressif. Il est vrai aussi, que les modifications de l’appétit font partie intégrante de la sémiologie de la dépression et que celle-ci peut aussi masquer un refus alimentaire, aggravé par une surmédicalisation. Celle-ci peut provoquer une perte d’appétit que l’âgé exprime relativement aisément : «Tous ces médicaments me coupent l’appétit»

J. Pellerin écrit à ce propos :

‘«La discussion n'est d'ailleurs pas close lorsqu'il s'agit de savoir si les comportements d'arrêt alimentaire complet doivent être appréhendés comme des équivalents dépressifs ou comme une entité syndromique particulière qui pourrait comporter un syndrome dépressif.» (J. Pellerin, 1999)’

Ainsi, le refus alimentaire, dans la plupart des cas, se retrouve projeté sur la scène corporelle, où se joue une pièce dans laquelle le patient est à la fois l’acteur et le metteur en scène de son devenir.

Le trouble alimentaire, devenu symptôme, se manifeste à bas bruit, relégué au second rôle, masqué par d’autres signes somatiques comme le mal de tête, des désordres digestifs ou des signes cardio-vasculaires.

De ce constat, une nouvelle interrogation émerge :