I.2.1.Le cadre institutionnel.

Comme nous venons de l'exposer, notre recherche se situe en milieu hospitalier, cadre institutionnel spécifique.

Les observations des cas cliniques présentés, sont des patients admis dans deux services hospitaliers de gériatrie médicale. Ces personnes sont donc hospitalisées pour des soins spécifiques, des pathologies somatiques dont elles sont atteintes.

L'institution est composée d'une équipe soignante (aides-soignantes, infirmières), d'un médecin, chef de service, de médecins responsables d'un secteur, de psychologues, de kinésithérapeutes, d'ergothérapeutes, de psychomotriciens, d'assistantes sociales, d'animateurs. Un psychiatre, attaché à l’hôpital, peut se déplacer au lit du malade, à la demande de l’équipe et peut superviser les réunions de synthèse de l'équipe.

Ces réunions réunissent l'ensemble de l'équipe. Elles ont lieu une fois par semaine, d'une durée d'une heure maximum.

Ce temps de paroles permet de réfléchir, à partir d'un cas clinique, sur les difficultés rencontrées, sur les solutions et les aménagements possibles pour le bien-être du malade, pour évacuer l'agressivité, l'angoisse de l'équipe face à une personne difficile.

Ces réunions de synthèse sont propres à l'un des deux services de gériatrie. Dans le second, les réunions de synthèses se font par secteur. Le médecin du secteur, infirmière, aide soignante, l'ergothérapeute, les kinésithérapeutes, le psychologue, sont présents, parfois l'assistante sociale. Un nombre de dossiers déterminés à l'avance est présenté, la semaine suivante, ce sera le tour des dossiers des autres patients, et ainsi de suite.

Ces services de gériatrie sont composés :

  • D’un service de court séjour dans lequel les personnes séjournent un minimum de temps, c’est-à-dire moins d’un mois. Lorsque les soins demandent un temps plus long, les malades sont transférés en moyen séjour.
  • D'un moyen séjour pour des hospitalisations de un à trois mois
  • D'un long séjour. Les personnes admises en long séjour ont bien souvent des revenus modestes et leur pathologie exige des soins lourds qui ne peuvent être procurés qu'en milieu hospitalier.

Sauf pour des cas assez rares, peu de personnes admises en long séjour, quittent celui-ci. (observation 26) Cette décision est prise par un ou plusieurs membres de la famille, «implorée»par le sujet âgé lui-même, qui ne supporte plus l’hôpital. La famille l’accueille bien souvent malgré les difficultés que cela peut entraîner.

La plupart des patients hospitalisés seront orientés vers des maisons de retraite, des maisons médicalisées. Pour une minorité, un retour à domicile est envisagé avec l'assurance qu'elles bénéficieront d'aides leur permettant de garder une certaine autonomie.

Il est à noter que les personnes qui regagnent leur domicile ont un environnement familial souvent très présent.

Comme nous l'avons mentionné plus haut, les patients vus dans le cas de cette recherche ont été hospitalisés pour un problème somatique : malaises d'origine diverses, chutes, fracture du col du fémur.

Ils ont bien souvent séjourné aux urgences, puis en court séjour pour être admis en moyen séjour le temps que leur problème somatique soit résolu. Ils sont admis bien souvent pour une pathologie bien précise mais celle-ci peut masquer une poly-pathologie que l'hospitalisation permet de déceler.

Si bien qu'il n'est pas rare de voir une personne restée à l'hôpital pour d'autres problèmes que celui pour lequel elle était arrivée.

Le peu de mobilité, la dépression, le manque d'appétit, la solitude de certains, l'image de mort véhiculée par l'hôpital, entraînent la personne âgée vers un état de faiblesse ou de dépression souvent important.

Nous reprendrons dans nos observations cliniques, cette composition des services en nous attachant à la durée d'hospitalisation qui les définit.