II.1.2.3. Les sources de crise : la naissance du désordre alimentaire.

Nous avons vu l'importance des modifications physiologiques liées au vieillissement et leurs incidences sur l'apparition de la crise de sénescence, responsable d'un profond bouleversement non seulement biologique et physiologique, mais aussi psychique, social et culturel.

Elle va amener l'homme vieillissant à des remaniements et des modes d'adaptation à la fois dans sa manière d'être et de penser par rapport à lui-même mais aussi son environnement. Il va devoir composer avec ce que la vieillesse lui impose : pertes, deuils, isolement. Ces pertes, ces deuils que l'être humain a déjà côtoyé tout le long de son existence, mais qui deviennent plus nombreux, plus difficiles à gérer car ils ne sont que le reflet de ce qui l'attend sur son chemin de la vie. L'être vieillissant doit alors effectuer un travail incessant pour rester en relation avec les autres et avec lui-même.

Nous n'allons pas citer toutes les pertes que le sujet âgé subit, mais il est important de souligner, celles qui ont un retentissement sur la vie émotionnelle, relationnelle et sociale de l'individu. Leurs conséquences vont nécessiter d'effectuer un travail de deuil et de renoncements qui lui permettront de nouveaux investissements pour bien vieillir.

G.Le Gouès (1988) parle «d'accidents hémorragiques survenant sur un fond d'anémie narcissique»

Cette expression témoigne de la difficulté à vivre ces pertes sur une personne fragilisée narcissiquement. Le désordre interne prend naissance à bas bruit. La personne âgée devient vulnérable psychiquement.

Est-ce que les troubles alimentaires ne surgiraient-ils pas à ce point de fragilité et auraient alors valeur de symptômes porteurs de sens pour le sujet ?

Ainsi, les facteurs psychosociaux en lien avec le sujet âgé, sont intriqués les uns aux autres, se juxtaposant parfois sans avoir le temps nécessaire à leur élaboration, laissant l'individu sans étayages suffisants pour affronter la réalité.