III.1.1.1.La fonction du domicile pour la personne âgée; une figuration de sa place.

Les prémices du refus alimentaire ont pu être observées lors des modifications physiologiques, psychologiques et sociales de la vieillesse. Elles peuvent être responsables de bouleversements dans le monde interne et externe de la personne âgée et provoquer un déséquilibre. Une crise surgit.

Elle se manifeste par un désinvestissement des centres d'intérêts, une attitude de dépendance vis-à-vis de l'entourage, un développement de plaintes et de symptômes somatiques. Des symptômes dépressifs peuvent se développer intensifiant un peu plus, le sentiment de dévalorisation de soi, d'être inutile.

Des symptômes somatiques, une chute provoquent la prise de décision que le parent ne peut plus vivre à son domicile car cela devient trop dangereux pour lui.

L'environnement de l'âgé, inquiet devant ce comportement, angoissé par l'image de déchéance corporelle du parent, fait une demande de placement sans mesurer bien souvent le traumatisme que cette décision va entraîner.

‘«L'hospitalisation, lorsqu'elle est le résultat dernier d'une série de rejets successifs, peut être ressentie plus durement que les causes qui la motivent, et peut faire mourir plus sûrement que les maladies qui semblaient la justifier» (JP. Junod, in L. Ploton, 1990)’

Pour le sujet âgé, de plus en plus dépendant dans les tâches quotidiennes, le maintien à domicile, même s'il est mieux accepter que le placement, lui demande de pouvoir s'adapter à une ou plusieurs présences étrangères (auxiliaire de vie, infirmières…) dans son intimité. C'est aussi accepter l'intrusion du ou des enfants dans ses affaires personnelles où autrefois l'enfant n'avait pas accès (biens ou matériels…)

C'est parfois accepter l'émergence d'un sentiment de culpabilité vis-à-vis des enfants, de l'entourage pour les difficultés supplémentaires occasionnées (courses, déplacements)…

Peu à peu, à moins d'une urgence, qui demande une hospitalisation rapide en milieu gériatrique, l'idée de placement «germe» en chacun des membres de la famille et surtout de l'âgé bien avant que la décision ne soit prise.

Le domicile devient alors la représentation d’une partie de sa vie privée, de son intimité, car l’âgé sait qu’en se dé-plaçant de son lieu de vie pour l’hôpital, il le quitte probablement pour ne pas y revenir.