La période dépressive

La période dépressive, lors de la mise en institution semblerait être de l'ordre d'une dépression réactionnelle. L'âgé a subi une cassure avec son rythme de vie.

Cette rupture est source d'angoisse, de somatisation, de dépression. Elle est souvent le fait d’événements associés à des troubles plus anciens qui resurgissent lors d'un état de vulnérabilité qui peut être provoqué par le placement.

‘«La constante tient à ce qu’on leur reconnaît une cause déclenchante responsable d’un impact sur une personnalité déjà affaiblie » (G.Le Gouès,1997 ) ’

A.Thomé-Renault pense que le vieillard devient sensible aux imprévus qui jalonnent son existence et que le plus petit incident a des répercussions importantes sur le mental de la personne.

‘«Le moindre petit incident peut avoir un effet traumatique, effet dont l’intensité se mesure non pas à la gravité de l’incident mais à la désorganisation finale des appareils mentaux et somatiques que cet incident déclenche. Après le traumatisme et en l’absence de réorganisation régressive, le sujet peut tomber dans un état de «dépression essentielle»… et la désorganisation progressive peut revêtir la forme catastrophique du syndrome de glissement où l'évolution se fait rapidement vers la mort.» (A.Thomé - Renault, 1992) ’

Cette dépression qui se veut gardien de la vie peut amener le vieillard vers la mort. La difficulté est de percevoir chez le sujet la réaction dépressive due au traumatisme du placement et de la dépression. Elle peut être masquée par des plaintes corporelles, des insomnies.

Les troubles alimentaires accompagnent souvent la période dépressive. Le sujet se plaint de ne plus avoir d'appétit, que la nourriture n'est pas appétissante, que les mets ne peuvent pas être avalés.

Ces plaintes sont souvent les prémices d'un refus alimentaire si l'on n'est pas suffisamment à l'écoute de la personne. Elle exprime ainsi son mal être, sa souffrance psychique.

Lorsque les plaintes se font moins entendre et que le refus «de tout» s'installe le sujet glisse peu à peu vers la mort.

Si l'institution n'est pas la cause des comportements défensifs du sujet âgé, elle est un facteur aggravant et désorganisateur, qui a une répercussion plus ou moins importante selon son vécu, son équilibre narcissique et identitaire. Elle stigmatise la problématique du désir inconscient de détruire le vieillard et la mort avec.

Le traumatisme de l'entrée en institution réactive l'angoisse de mort très présente chez le sénescent. Pour survivre à ce choc émotionnel, il s'appuie sur ses ressources. Les uns s'étayeront sur la somatisation, d'autres fuiront dans la démence. L'agressivité, le déni correspondront à leur fonctionnement pour certains.

Chez tous, nous observerons des troubles alimentaires qui accompagneront ces sujets à la quête d'une solution pour atténuer leur souffrance interne. Les uns s'adapteront plus ou moins à cette nouvelle vie et pourront effectuer un travail du vieillir. Les autres glisseront dans un repli silencieux, un rejet complet du milieu environnant.

Une défense qui est souvent en lien avec les états dépressifs est la défense maniaque. Par le placement, une nouvelle blessure narcissique vient s'inscrire dans la succession des pertes que la personne a subies auparavant.

Pour lutter contre cette agression qui remet en cause son identité, la personne âgée utilise des conduites maniaques.

Peut-on alors considérer le refus alimentaire comme une réaction défensive de type maniaque ? Et quels en sont les motifs ?