III.3.1.2.1. Repli narcissique et désinvestissement des objets externes.

En effectuant ce repli sur lui-même, le sujet retire sa libido des objets et la reprend pour lui-même. Il se désintéresse des autres et de son corps. Il n'a plus d'appétit vital, il se retire. Le refus alimentaire traduit cette réalité.

Le sujet âgé attend sa mort. Après avoir perdu sa place dans la société, perdu sa dignité, sa réalité pour les autres et pour lui-même, son avenir n'a plus de projet, plus de désir. Le seul désir qu'il a gardé est le désir de non-vivre, c'est-à-dire de mourir comme il le désire et non comme «les autres» l'ont décidé pour lui.

Ce repli narcissique implique un désinvestissement des objets externes qui va jusqu'à interrompre toute communication avec eux. L'âgé refuse les mots, très d'union avec l'autre, refuse les soins, refuse de se nourrir.

Parfois, avec certains membres de son entourage, il communique par le regard, par l'agrippement des mains. Ce lien reste cependant fugace.

Le travail de trépas semble engagé (M.M'Uzan, 1977) en l'absence de l'objet d'amour, en l'absence de l'autre. C.Balier propose l'équivalence entre «désinvestissement et attaque destructrice».

Pour lui, le désinvestissement de fonctions physiologiques ou psychologiques entraîne des déficits qui accentuent le processus de dévalorisation et donc de destruction.

‘«Dans ce processus, l'environnement joue un rôle important par la dépréciation attribuée au déficit, encourageant ainsi, la personne à désinvestir la fonction en cause et donc à se détruire. La maladie peut être considérée comme un mode de défense sur le parcours de ce processus : par exemple l'hypochondrie est une manière de réinvestir le corps sur un mode pathologique, donc d'établir une défense par rapport au désinvestissement en cours.» (C. Balier, 1976)’ ‘Le refus alimentaire compris comme une réaction défensive de type maniaque permet non pas un réinvestissement du corps, mais plutôt une protection contre l'extérieur pour pouvoir préparer sa mort.’