Quatrième partie. La clinique du refus alimentaire.

IV.1. Les entretiens.

Dans le cadre de sa recherche, le psychologue chercheur doit tenir compte dans sa relation avec les patients, du contexte hospitalier composé de l’équipe médicale et de l'environnement familial.

L'intervenant se retrouve face à des personnes âgées qui sont hospitalisées. Le traumatisme de la maladie ou de la chute et l'entrée en milieu hospitalier angoissent les personnes devenues vulnérables. Comme nous l'avons pu l'écrire précédemment, elles sont en état de choc. Leur équilibre psychique vacille, déjà fragilisé par les crises, les épreuves (cf. : La question du vieillissement, partie II) Pour certaines, c'est l'effondrement. Les événements restent inscrits et de ceux-ci naît une souffrance psychique.

Face à ce nouvel environnement, porteur d'images bien souvent négatives (maladies, mort, isolement…) le patient pourra ou ne pourra pas s’adapter à cette nouvelle épreuve qu'est la rupture avec le domicile et le placement.

Dans le cadre de cette recherche, notre population s'est constituée :

  • Avec l'aide de l'équipe soignante. La demande se trouve être différente selon qu'il s'agit du médecin, des infirmières, des aides soignantes, des kinésithérapeutes, de l'ergothérapeute ou du psychologue. Cette demande est à prendre en compte pour établir la relation avec l'âgé. En effet, si chacun des membres de l'équipe accueille positivement cette recherche, ils se sentent concernés par ce problème à des degrés différents, selon leur pratique quotidienne. Les aides soignantes sont confrontés au refus au moment des repas, les infirmières, au refus de soins, le médecin aux conséquences somatiques de la dénutrition…
  • Par les patients eux-mêmes. Ces entrevues étaient provoquées par un appel, un besoin de parler. Ces personnes s'exprimaient sur leur histoire, la cause de leur hospitalisation et leur inappétence pour la nourriture.

Les troubles de l'alimentation réveillent et mobilisent des défenses différentes selon la personnalité, l'histoire et l'âge de chacun d'entre nous.

Défenses dont nous étions consciente puisque nous partagions l'identité de psychologue chercheur avec celui d'être de la génération intermédiaire : grands enfants et parents prenant de l'âge. Nos certitudes, nos doutes sont probablement en lien avec ce vécu. Nous allons exposer les difficultés rencontrées pour mettre en place des entretiens avec des personnes âgées, hospitalisées et en refus alimentaire. Il nous a paru important de noter la part subjective du psychologue chercheur que nous sommes, qui apparaît lors des entretiens. Ceci explique la difficulté que nous rencontrerons pour évaluer les conséquences psychiques des troubles du comportement alimentaire sur une personne. Nous n'éludons pas pour autant les facteurs psychologiques qui interfèrent dans nos résultats, que ce soit de la part du chercheur que de celui des patients. Nous savons qu'à chaque donnée recueillie, nous sommes en présence de personnes, âgées, porteuses d'une histoire de vie personnelle et venant d'un environnement socio-affectif qui leurs sont propres. Nous choisirons, d'avoir une démarche scientifique quant au matériel recueilli afin d'explorer objectivement les résultats.