V.2. Un travail sur les possibles dégagements sous-jacents.

Nous venons d'aborder la préparation du travail de séparation avec le domicile, avec l'environnement familial, en vue du placement. Nous devons penser un travail psychologique en amont de l'hôpital et du placement, afin que le refus alimentaire ne soit pas pris que comme un problème médical, mais dans sa globalité.

Nous avons observé, dans cette recherche, le refus alimentaire et les troubles du comportement alimentaire essentiellement lié au placement, à la perte d'autonomie. Il ne faut pas ignorer que certaines personnes âgées développent celui-ci dès leur domicile, mais dans ce cas d'autres facteurs sont à prendre en considération.

Dans le cas de cette recherche, nous pensons que le travail effectué avant la décision de placement peut retarder celui-ci.

  • Au domicile.

Actuellement, des professionnels ont pour fonction de venir en aide à la personne âgée en perte d'autonomie, ce sont les auxiliaires de vie, les aides ménagères, parfois des infirmières. Lors de périodes sensibles pour l'âgé, il serait important que les «équipes de vie» puissent s'en référer au médecin, mais aussi au psychologue. Une formation permanente, une réflexion seraient ainsi mises en place. Elles permettraient de remettre en cause certaines idées préconçues, comme le refus alimentaire et de progresser pour le bien-être de l'âgé. Le psychologue pourrait alors se rendre au domicile de la personne âgée, l'accompagner dans son travail du vieillir, prendre en compte l'environnement familial souvent épuisé par le maintien au domicile.

Ainsi, l'institution se déplacerait sur le lieu de vie de l'âgé, dans la perspective d'un maintien dans son environnement le plus longtemps possible.

Lorsque la décision de placement devient inéluctable, l'âgé doit être préparé à cette rupture, ainsi que son environnement familial.

Si des périodes sensibles où se développent des troubles alimentaires, le psychologue ainsi que l'équipe doit décrypter ces signes.

Bien que ce ne soit pas souvent facile, par manque de places, un éloignement trop important, un coût trop élevé, il serait bien que la personne puisse choisir son lieu de vie, le visiter, être accueilli par le personnel.

  • En institution.

L'accueil est important lorsque la personne est admise dans sa nouvelle structure. Le personnel doit être vigilant pendant les premiers mois qui sont souvent des périodes sensibles car c'est le temps d'adaptation qu'il faut pour que la personne établisse ses nouveaux repères.

Nous pensons que le psychologue a un réel travail d'élaboration à effectuer avec le personnel, la famille, l'âgé et l'équipe soignante.

La formation du personnel soignant ainsi que son soutien sont autant indispensables que pour les aides à domicile. Il peut du fait même de son travail de proximité de l'âgé et de son environnement familial, tenir informer des difficultés, des interrogations et des craintes de ceux-ci et de leur besoin d'être soutenu.

Un réseau institutionnel où chaque membre, acteur dans sa spécificité, en lien avec les autres pourra permettre d'être à l'écoute de la personne âgée et de transformer dans la mesure du possible, son désir de non-vivre en désir de vivre sa fin de vie.