4. Question de vocabulaire

Le concept de bénévolat ayant été précisé, il reste à traiter d’un problème de vocabulaire.

Faut-il parler de bénévole ou de volontaire ?

On trouve dans la bibliographie, toujours à propos de bénévolat et pour en désigner les acteurs, tantôt le terme de bénévole tantôt celui de volontaire. Parfois, on utilise l’un plutôt que l’autre, parfois l’un comme l’autre, aussi fallait-il tenter une clarification.

Quand une distinction est faite entre les deux termes, cela reste très subtil et disons avant de rentrer dans les détails que la différence la plus évidente entre bénévole et volontaire est opérée au plan juridique.

Le bénévole est celui qui n'a pas de statut officiel, qui bien souvent est engagé dans des missions plus courtes que le volontaire, ne perçoit aucune indemnité et, surtout, situe son intervention en dehors de sa période de travail (temps libre, congés spéciaux, vacances ou retraite).

Le volontaire, lui, bénéficie d’un statut, est lié par un contrat de volontariat à une Organisation de Solidarité Internationale (O.I.S), interrompt ses activités ordinaires pour accomplir une mission à temps plein à l’étranger, doit avoir des compétences précises adaptées à chaque projet et a droit à des indemnités de subsistance, à une couverture sociale et une assurance de rapatriement.

Cette distinction plus apparente dans les associations tournées vers l'aide au Tiers-Monde vise en particulier à justifier la couverture sociale accordée aux volontaires.

En dehors de cet aspect juridique, la nature et l’intensité de l’engagement ont pu également amener à opérer une distinction entre ces deux termes. Si l’on en croit la définition donnée par le Comité de Coordination pour le Service des Volontaires Internationaux (C.C.I.V.S) : « Le volontaire dans le cadre des actions humanitaires est un expatrié de longue durée qui s'engage de son plein gré à mettre ses capacités physiques à la disposition d'une cause d'intérêt général sans en tirer un salaire ».

Cette organisation distingue nettement le service volontaire des autres formes d’activités sociales comme le bénévolat (ou la charité). Pour elle, le bénévolat est l’expression d’une solidarité nationale qui s’attache davantage à répondre aux symptômes des problèmes plus qu’à leurs causes sociales tandis que le service volontaire s’attaque aux racines des maux.

Ce sont sur ces bases que les pays anglo-saxons ont privilégié la notion de « volontariat » qui correspond à une pratique sociale, une action non rémunérée et non contrainte par laquelle un citoyen se met au service de la communauté hors d’une institution faisant partie de l’Etat-providence (le « Welfare State »). La « Déclaration universelle sur le volontariat » 46 le définit ainsi : « le volontariat : est un choix volontaire prenant appui sur des motivations et des options personnelles ; est une participation active du citoyen à la vie des communautés humaines et des cités ; contribue à améliorer la qualité de la vie, à l'épanouissement des personnes, à une solidarité plus grande ; se traduit dans une action et, en général, dans un mouvement organisé au sein d'une association ; contribue à répondre aux principaux enjeux de société pour un monde plus juste et plus pacifique ; contribue à un développement économique et social plus équilibré, à la création d'emplois et à de nouvelles professions ».

L’individu pratiquant le volontariat, le volontaire («volunteer »), est présenté comme celui qui s’engage de son plein gré d’une manière désintéressée dans une action organisée au service de la communauté.

En France, les deux termes sont souvent utilisés indifféremment. Cependant, celui de volontariat met plutôt l’accent sur la liberté de la démarche, insiste sur l'acte de volonté « qui n'est pas l'effet d'une contrainte, qui n'est pas forcé » tandis que celui de bénévolat souligne le désintéressement, la gratuité de l'action, l’absence de rémunération.

C’est cette dimension d’acte sans but lucratif, d’absence de rémunération qui nous a conduite à privilégier dans notre étude le terme de « bénévole » comme le fait M. Barthélemy 47   quand elle distingue le « bénévole » du « volontaire » : « Le « bénévole » est « celui qui donne volontairement et gratuitement de son temps pour participer, de façon régulière ou irrégulière, à telle ou telle activité de l’association » alors que le volontaire a des activités « librement initiées qui peuvent être rétribuées. ».

Notre choix de définition est plus restrictif que celui du Conseil Economique et Social qui retient une acception large des bénévoles prenant en compte les élus des conseils municipaux, les militants des partis politiques et des syndicats, en plus des classiques bénévoles des mutuelles, coopératives et associations : « celui qui s'engage librement pour mener une action non salariée en direction d'autrui, en dehors de son temps professionnel et familial ».

Notre choix de définition se rapproche davantage de celui de notre partenaire d’enquête, le Centre National du Volontariat (CNV) qui utilise pourtant indifféremment les deux termes de « bénévole » ou de « volontaire ». Le CNV s’est attaché à caractériser le bénévole (le volontaire) à partir de cinq conditions : « Le bénévole (ou volontaire) est celui qui s'engage (notion d'engagement), de son plein gré (notion de liberté), de manière désintéressée (notion d'acte sans but lucratif), dans une action organisée (notion d'appartenance à un groupe, à une structure), au service de la communauté (notion d'intérêt commun) ».

Pour nous, dans cette étude, le bénévole est défini sociologiquement.

Il est celui qui pratique en milieu associatif le bénévolat au sens de la définition sociologique donnée par Dan Ferrand-Bechmann en 1991.

Pour Dan Ferrand-Bechmann, le bénévolat revêt six dimensions :

Nous tenons à préciser que bien que nous ayons privilégié le terme de « bénévole » à celui de « volontaire », nous avons pu constater que dans notre enquête les différents acteurs (les associations et les enquêtés) ont utilisé parfois indifféremment les deux termes. Quand un choix a été opéré en faveur du terme « volontaire », nous avons constaté que c’était pour mettre l’accent sur la notion d’engagement

Notes
46.
promulguée lors du congrès mondial L’International Association for Volunteer Effort (IAVE) qui s’est tenu à Paris en 1990.
47.
Voir supra p.36 (pp. 141-142).