3. Des premiers pas à l’engagement

À ce point de l’étude de notre population, nous pouvons esquisser à grands traits les caractéristiques de l’engagement des chômeurs-bénévoles :

Ils ne se posent pas en militants et ne s’inscrivent pas non plus dans le registre du don, de l’altruisme.

Ils ne sont majoritairement pas venus ou revenus au bénévolat dans l’idée de retrouver une image ou une identité plus ou moins affectée par le chômage, même si incontestablement le chômage a eu à cet égard, des effets traumatisants pour eux.

Ils sont mus par la volonté de satisfaire des attentes qui résultent d’apprentissages soit culturels soit de parcours de socialité qui n’ont pas fait directement l’objet d’une étude particulière dans notre travail mais qui s’expriment « in fine » dans des attentes traduites en termes d’activité, d’utilité et de lien social et dans un positionnement initial de type « acteur ».

Une fois en situation, ils maintiennent une participation dont l’étude des modalités montre qu’il s’agit d’un investissement régulier mais relativement faible (en termes de volume horaire et en termes de prise de responsabilités). C’est un investissement que nous pourrions presque qualifier de « minimisé » ou de « minimaliste » selon les cas, même si ces qualificatifs ne conviennent pas toujours pour une petite minorité d’entre eux qui, au contraire, font preuve d’une intense activité.

Cet investissement est « minimisé »quand on sent une volonté de le limiter soit que le bénévolat s’inscrive dans une échelle de priorités, soit que les chômeurs-bénévoles ne se sentent pas prêts à s’engager davantage, soit enfin que cela soit l’expression indirecte d’insatisfactions et par là la marque d’une insuffisance dans le domaine de la communication au sein des associations.

Il est « minimaliste » quand le sentiment d’investissement s’accroît parce qu’alimenté par le sentiment d’une certaine utilité pour soi ou parce que satisfait dans des attentes initiales. En d’autres termes, il dépend de la satisfaction ce que l’on pourrait appeler « un certain retour sur investissement ».

Il semble donc y avoir un schéma de type contribution / rétribution à la clef de la démarche avec par ailleurs des coûts annexes faibles (financiers, psychologiques ou autres) au point que l’on peut déjà indiquer - avant d’en faire la démonstration dans la partie suivante - que ces individus vont finalement bénéficier d’un retour sur investissement  bien supérieur à ce qu’ils pouvaient attendre et imaginer en ayant choisi d’agir dans un cadre légitimé doté d’une image à connotation fortement positive.