1.3.2.3 La stratégie de sélection

Comme dans les modèles précédents (Kintsch & van Dijk, 1978; van Dijk & Kintsch, 1983), Kintsch (1988) postule que seules les relations entre les propositions qui co-apparaissent en mémoire de travail lors du processus de compréhension jouent un rôle dans la représentation textuelle. En d'autres termes, toutes les relations du texte ne sont pas détectées. Dans ce modèle, la construction séquentielle des représentations requiert donc également la mise en place d'une stratégie de sélection de la ou des propositions du cycle précédent conservées pour le cycle suivant. Bien que la stratégie proposée ici soit proche de la stratégie du bord d'attaque (Kintsch & van Dijk, 1978), elle diffère quelque peu. Le critère d'importance dans la hiérarchie des propositions (voir Kintsch & van Dijk, 1978) est remplacé par le critère de force d'activation : la proposition la plus activée d'un cycle reste en mémoire à court terme et participe au cycle suivant. Ainsi, la sélection ne dépend plus uniquement des connexions référentielles qui se dégagent du texte mais de la force de connexions d'une proposition avec les autres propositions du texte ainsi que des connexions préexistantes en mémoire à long terme. La taille du ‘« buffer ’» n'est pas fixe mais varie en fonction des connaissances initiales du lecteur et des caractéristiques du texte (Kintsch & Vipond, 1979 ; Tapiero & Denhière, 1997). De plus, bien que le processus de récupération, décrit dans la deuxième étape de la phase de construction ne soit pas présenté en tant que processus permettant l'appariement ou la mise à jour, il sous-tend également la création de connexions entre des informations textuelles de cycles différents. Le rôle de ces indices de récupération des propositions et concepts prend toute son importance dans l'extension du modèle de Construction-Intégration proposé par Kintsch en 1998 et notamment par l'introduction de la notion de mémoire de travail à long terme (MDT-LT).