1.3.2.4 Extension du modèle de Construction-Intégration (Kintsch, 1998) : Introduction de la notion mémoire de travail à long terme (Ericsson & Kintsch, 1995)

1.3.2.4.1 Le concept de Mémoire de Travail à Long Terme

L’idée sous-jacente au modèle proposé par Ericsson et Kintsch (1995) est que la capacité de stockage de la MDT, telle qu’elle est envisagée par les conceptions classiques de la mémoire (i.e., empan de plus ou moins 7 informations) rend compte des activités non familières, comme l'apprentissage de syllabes sans signification et de liste de mots, mais pas des activités plus complexes telles que le rappel et la compréhension de texte, le jeu d'échec, ou les activités de résolution de problèmes. Selon Ericsson et Kintsch (1995), l'ensemble des résultats présents dans la littérature ne peut être expliqué uniquement par la présence d'un mécanisme basé sur des capacités de l'individu à récupérer très rapidement des informations stockées en MLT. Des habiletés mnésiques acquises (informations et procédures) permettraient à l'individu d'utiliser la MLT comme une extension de la MDT dans des domaines et des activités particulières, après une pratique et un entraînement suffisants. Les auteurs qualifient cette extension de MDT-LT dans la mesure où elle permettrait d’augmenter les capacités de stockage de la MDT classique, la MDT-CT. À l'inverse de cette dernière, les informations en MDT-LT sont stockées sous une forme stable, mais l'accès fiable à ces informations est temporairement maintenu par les ‘« significations ’» des indices de récupération en MDT-CT (means of retrieval cues). Ainsi, la MDT-LT se distingue de la MDT-CT par le temps de stockage qu'elle permet et la nécessité d'indices en MCT qui guident la récupération des informations en MLT.

Lors d'une activité cognitive, les items en MCT, par une simple opération de récupération, rendent disponible un ensemble de la MLT qui constitue une structure de récupération. Cette structure de récupération, organisée hiérarchiquement et élaborée, permet à l'individu d'accéder rapidement aux informations requises pour l'activité en cours. La quantité d'informations en MDT-LT est donc contrainte par l'étendue et la nature des structures de récupération ‘« activées ’» par les contenus de la MCT. Par l'acquisition de capacités mnésiques spécifiques à un domaine ou à une activité, l'individu peut ainsi étendre sa MDT par les structures de récupération en MDT-LT, dans ce domaine ou cette activité particulière. Cette augmentation de la MDT est donc spécifique non seulement au domaine mais également à l'individu et de ce fait ne se trouve pas mise en jeu dans toutes les activités cognitives. Autrement dit, selon Ericsson et Kintsch (1995), l'individu étendrait les capacités limitées de la MDT en maintenant disponibles des informations stockées en MLT lors d'activités dans lesquelles il a un statut d'expert. Lors de l'activité de compréhension de texte, la MDT-LT serait donc mise en jeu et permettrait le maintien actif des informations pertinentes de la représentation épisodique en MLT.