2.1.3.3 Discussion

L’objectif principal de cette première expérience était d’apporter des éléments complémentaires à l’étude d’Albrecht & Myers (1998) en étudiant les effets de l’élaboration par la connotation des informations textuelles. Dans l’ensemble, cette expérience confirme que les chevauchements d’arguments guident les changements de disponibilité des informations au cours de la lecture et que la probabilité et la vitesse de réactivation dépendent du degré de chevauchement entre les traces en mémoire. De plus, elle indique premièrement, que la connotation des informations influencerait la vitesse avec laquelle une information de la représentation épisodique est récupérée et suggère ainsi que connoter les informations permettrait un meilleur encodage de la trace en mémoire. Deuxièmement, en accord avec les données d’Albrecht et Myers (1998), elle souligne une influence des caractéristiques des éléments à partir desquels le signal envoyé à l’ensemble de la MLT diffuse. Toutefois, de nombreuses données de cette expérience diffèrent des prédictions que nous avions émises ainsi que des résultats d’Albrecht et Myers (1998) dans les conditions que nous avons répliquées.

D’une part, dans la condition de contexte Adjectif-Adjectif, les lecteurs ne détectent jamais les deux informations contradictoires ce qui suggère une réactivation soit, plus faible soit, plus lente des informations relatives au but initial. D’autre part, les données de la condition de contexte Adjectif-Nom ne révèlent aucun effet lié à la satisfaction ou non du but initial et semblent ainsi indiquer que cette information n’était pas disponible pour les lecteurs lors du traitement des phrases cibles. Autrement dit, cette condition de contexte suggère une absence de réactivation des informations de la représentation épisodique.

Parallèlement, les résultats obtenus dans la condition de contexte Nom-Adjectif ne nous permettent pas de valider l’hypothèse selon laquelle la force du signal pourrait dépendre de l’attention allouée par les lecteurs à l’information en cours de traitement. Néanmoins, cette condition de contexte révèle la présence d’une réactivation des informations relatives au but initial. Au regard des résultats que nous avons obtenus dans les autres conditions de contexte, ce résultat souligne ainsi une influence des caractéristiques de l’information à l’origine de la résonance. En effet, dans l’ensemble, cette expérience indique que seules les conditions de contexte dans lesquelles l’indice contextuel est élaboré lors de la récupération (i.e., Adjectif-Adjectif et Nom-Adjectif) engendrent la réactivation des informations relatives au but initial.

Enfin, nos résultats mettent en avant un effet de la connotation sur la réactivation des informations antérieurement traitées. Plus précisément, les patterns de lecture obtenus dans les conditions de contexte Adjectif-Adjecitf et Nom-Adjectif suggèrent que cet effet est le résultat de l’interaction entre d’une part, la valence ‘« affective ’» (positive vs négative) et d’autre part, la condition de contexte. En effet, la réactivation d’une information antérieure s’effectue plus rapidement lorsque l’indice contextuel est connoté négativement lors de l’encodage et lors de la récupération alors qu’une connotation positive engendre un effet similaire si elle est mise en jeu uniquement lors de la récupération. Ensembles, ces données suggèrent ainsi que connoter positivement ou négativement l’indice contextuel semble influencer la vitesse plutôt que la probabilité de réactivation des informations de la représentation épisodique.

Les différences qui émergent entre nos données et celles d’Albrecht et Myers (1998) rendent difficile l’interprétation de nos premiers résultats. Ainsi, avant de préciser les éléments qu’ils apportent sur les caractéristiques du processus de résonance, nous avons réalisé une seconde expérience afin d’examiner si nous pouvions les répliquer.