3.1 Approche du traitement du texte basé sur les explications

3.1.1 La structure causale comme base de la représentation élaborée au cours de la lecture : la théorie du réseau causal

3.1.1.1 Chaîne causale et réseau causal

Deux principales structuresont été proposées afin de rendre compte des relations causales dans un texte. Cette dernière peut être décrite sous la forme d'une chaîne d'actions, d'événements et d'états qui sont connectés et qui relient le début du texte à sa fin. Les énoncés de la chaîne causale correspondent alors aux événements et aux actions qui maintiennent le flux causal et qui sont considérés importants pour la cohérence de l'histoire. À l'opposé, les énoncés qui ne contribuent pas à la cohérence causale du texte, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas pertinents pour l'issue du récit, restent périphériques. Ils n'appartiennent pas à la chaîne causale mais sont situés sur des ‘« bras-morts ’». D'un point de vue expérimental, l'étude de cette structure sous la forme d'une chaîne causale a permis de mettre en évidence que les événements de la chaîne causale d'un récit sont mieux rappelés, plus souvent inclus dans les résumés et jugés plus importants que ceux situés sur les ‘« bras-morts ’» (Trabasso, & al., 1984). Toutefois, dans une chaîne causale, un événement a au plus un antécédent et une conséquence, et, par conséquent, de nombreuses relations causales ne sont pas intégrées à la représentation. De plus, l'identification d'une chaîne causale repose sur l'intuition plutôt que sur une définition explicite ou sur un ensemble de critères. Ceci a conduit au développement de la théorie du réseau causal qui propose un ensemble de critères formels pour l'identification des relations causales dans un texte et pour l'assemblage des événements et de leurs interrelations dans une représentation du texte en réseau. Dans leur modèle, Trabasso et van den Broek (1985) proposent alors une organisation de la représentation sous la forme d’un réseau causal dans lequel s’inscrit une chaîne causale qui relie le début du texte à sa fin. Les auteurs émettent l’hypothèse selon laquelle à la lecture des premières phrases d’un récit, le lecteur construit un monde possible qui établit les circonstances à partir desquelles les événements subséquents sont interprétés. Ce monde possible se modifie au fur et à mesure que des changements causaux apparaissent. Pour établir le terrain causal et isoler la cause et l’effet, le lecteur utilise ses théories naïves sur la causalité psychologique et le schéma abstrait de causalité (Black & Bower, 1980 ; Trabasso, 1991 ; Trabasso & van den Broek, 1985). Le recours à ces théories engendrerait la construction d’une représentation en mémoire organisée en un réseau de nœuds connectés par des arcs. Au sein de ce réseau, les nœuds représentent les événements et les arcs les relations causales entre ces événements. Une chaîne causale traverse ce réseau et relie les événements importants d’un récit, c’est-à-dire les événements et actions qui décrivent les transitions successives entre l’état initial et l’état final d’un texte.